Critique Manga Astro Boy #1

Les origines du mythe

Alors que Glénat entrait dans son premier âge d'or avec des titres comme DragonBall, Gunnm ou Sailor Moon, il avait décidé en 1996 de faire connaître aux jeunes français l'un des titres cultes et emblématiques du manga : Astro Boy, le petit robot cher à Tezuka et repris avec brio par Urasawa dans son Pluto. L'occasion pour moi presque 30 ans plus tard d'un retour aux sources.

Cette édition n'est cependant pas celle du canon d'Astro. Elle se présente plutôt comme une anthologie, un florilège des histoires du petit robot, choisie et présentée par Tezuka lui-même au fil des pages. C'est singulier mais cela a son intérêt pour ainsi écrémer et ne garder que l'essentiel. 

Ce premier tome nous permet ainsi de découvrir la genèse d'un personnage mythique, de découvrir les pierres angulaire de son univers, de vivre ses premières aventures et de découvrir le trait et la narration d'un Tezuka à destination du jeune public. 

On ne va pas se le cacher, cela a vieilli et pas forcément dans le bon sens. La narration de Tezuka est datée et peu entraînante la plupart du temps. Je n'ai pas retrouvé ici son génie créatif qui casse les cases et transcende leur carcan. C'est très classique et assez bavard en prime, ce qui alourdit la lecture. Il n'y a que de trop rares moments où on sent sa folie et son humour, le reste est un peu plat et convenu. Les histoires sont également bien trop longues et parfois on sent que l'auteur se perd dans les raccords.

Heureusement, il y a le plaisir de découvrir Astro, de le voir évoluer, vivre ses premières aventures et devenir un peu le justicier qu'on connaît. Tezuka a vraiment eu de l'imagination à l'époque pour élaborer tout cet univers s'appuyant sur les robots made in Asimov, le pape de la SF robotique alors. J'ai beaucoup aimé sa façon d'écrire et réécrire sans cesse la genèse de ce personnage, de lui ajouter des particularités, des parents, des missions. L'auteur a le sens du rebondissements pour enchaîner tout ça et les allures cartoonesques de son écriture allègent ainsi un monde qui pourrait être plus sombre tant certains éléments, comme le rapport au robot ou l'abandon initial d'Astro, pourraient faire mal. On comprend pourquoi Urasawa en a fait un thriller sous sa plume.