Critique Manga Yona, Princesse de l'aube #38

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Yona, Princesse de l'aube

par Tampopo24 le dim. 30 avril 2023 Staff

Evocation de la guerre à la sauce shojo

Avec sa couverture qui forme un diptyque des plus séduisants avec la précédente, ce 38e tome de Yona nous embarque à nouveau tête la première dans la guerre qui l'oppose avec le Kai du sud, mais quand on a lu le maître en la matière, à savoir Kingdom, la comparaison dans la mise en scène des combats est rude.

L'occasion donc de faire une comparaison entre la façon de mettre en scène la guerre entre deux oeuvres aux portées différentes. Dans Kingdom, nous sommes dans du pur délire guerrier avec à la tête un monarque en quête de conquête afin de créer un vaste royaume unique. Dans Yona, les intentions et l'atmosphère même de la série est toute autre. Nous sommes pas dans un titre guerrier et stratégique mais dans une histoire plus fantastique et humaine, sur fond de légende, avec des personnages plus nuancés, commettant des erreurs et essayant de se racheter pour créer un monde plus juste. L'intention est différente, la mise en scène ne sera pas la même.

Le choix est donc fait par Mizuho Kusanagi de ne pas nous montrer la guerre comme quelque chose de fascinant mais plutôt comme quelque chose de violent et traumatisant. On plonge dans celle-ci à côté de l'outsider, qui vient de vivre une terrible débâcle et qui a à sa tête un roi qui vacille. Heureusement que Yona est là pour l'épauler avec ses dragons, donnant ainsi un coeur à cette armée et pas juste une tête. Alors même si j'ai été moins immergée dans la bataille en elle-même, j'en ai beaucoup aimé les enjeux en sous-main et surtout la signification du rôle de chacun.

Nous sommes effectivement dans un shojo et c'est le développement psychologique des personnages qui compte. On découvre ainsi dans ce tome un duo de plus en plus complémentaire issu de l'éducation différente reçu par leurs parents. Soo Won est le stratège voulu par son père, tandis que Yona est le coeur voulu par le sien. C'est très intéressant à voir. Les autres personnages ne sont pas en reste, on voit l'influence de l'aura de Yona et ses dragons sur l'armée, qui transforme celle-ci et la fait renaître. C'est émouvant de voir comme ils réveillent celle-ci et la galvanisent à nouveau malgré les épreuves. Les dragons sont des modèles de sacrifices, allant toujours au devant du danger pour aider leur prochain, de même que Yona. C'est vraiment une dynamique propre à ce genre de titre qui a tendance à émouvoir le lecteur.

D'ailleurs en parlant d'émotion, que dire de celles de retrouver Hak. C'était le gros cliffhanger du tome précédent. On se doutait bien qu'il n'allait pas disparaître ainsi mais l'autrice a parfaitement su susciter l'hésitation et le doute, donnant une autre dimension à ses héros : Yona et Soo Won, notamment pour que ce dernier retrouve petit à petit le chemin de son coeur. J'ai donc été ravie des choix faits pour le faire revenir peu à peu dans l'histoire, tout en oubliant pas sa quête, ni son rôle de trouble fête, puisqu'il va ainsi infiltrer l'armée ennemie et poursuivre sa mission l'air de rien. Hak, c'est un peu l'électron libre et celui par qui vient la surprise, ce qui est fort appréciable.

Ainsi bien que loin du récit guerrier et batailleur carré et calibré, la fougue et le désir de liberté de Yona et ses amis emporte tout autant bien qu'étant plus éparpillé et éclaté. C'est une autre façon de voir et faire vivre la guerre qui a son charme et son intérêt. Je regrette peut-être l'impression que ça donne de quelque chose de moins creusé et moins important que dans d'autres mangas, car le ton reste léger avec ces antagonistes présentés de manière ridicule et ces combats à la va-vite. Mais je prends plaisir à toute l'émotion que cela suscite et aux évolutions, rapprochements, encouragements qui naissent sous nos yeux.

En bref

La guerre n'est pas que l'apanage des shonen et des seinen, Yona démontre s'il y en avait besoin que les shojo mangas peuvent aussi s'emparer des récits de guerre et proposer leur propre interprétation plus accès sur la dimension humaine. Ainsi un Soo Won vacillant émeut, une Yona forte prend la direction des choses, tandis que ses dragons se battent avec un beau sens du sacrifice et qu'Hak joue habillement les troubles fêtes. Cela donne un tome passionnant à suivre.

8
Yona, Princesse de l'aube
Positif

Une autre vision de la mise en scène des batailles

Une dimension humaine riche

L'évolution de Soo Won, Yona et les dragons confrontés à la réalité de la guerre

Une narration pleine de surprises

Le retour réussi de Hak

Negatif

Une narration parfois fouillie, manquant d'impact

Des antagonistes trop caricaturaux

Un rythme un peu trop rapide pour sentir bien l'impact de la bataille

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