Critique Global manga Sara et les Contes Perdus #1

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Sara et les Contes Perdus

par Sherryn le dim. 29 avril 2012 Staff

C'est avec un enthousiasme modéré que j'ai entamé cette lecture, le dessin me paraissant plus brouillon que dans Pink Diary et le thème, fantastique, peu propice à y retrouver les principales qualités de cette série (notamment son réalisme et ses thèmes bien ancrés dans la réalité d'aujourd'hui).

Néanmoins, après quelques pages, mes appréhensions se sont envolées et j'ai plongé dans cette lecture presque aussitôt et avec un vif plaisir. Cela est dû principalement à l'immense fluidité de lecture. Les cases se lisent toutes seules, le regard passant de l'une à l'autre avec une grande aisance. Le choix des plans (rapprochés ou non), des angles de vue et du découpage de l'action (y compris la succession des séquences) permettent cette lecture quasi-cinématographique. De plus, les codes d'expressivité ont été très bien intégrés par Jenny qui les utilise à bon escient, sachant à la fois pointer les passages à "suspens" et jouer d'un humour qui sait rester léger, sans se montrer envahissant.

Après quelques planches, j'ai également assez vite commencé à apprécier le dessin qui de prime abord ne me séduisait pourtant pas. Certes, il y a trop peu de trames et de nuances de gris, rendant le tout très blanc. Néanmoins il n'y a pas d'impression de vide car le trait est détaillé et surtout, très fin. Seule petit reproche, la mise en page qui reste trop classique. Il y a bien quelques cases qui débordent, mais si peu ! Un shôjo devrait présenter davantage d'esthétisme dans l'agencement des cases.

Le thème des contes de fées, qui me rebutait d'emblée, m'a néanmoins rapidement conquise. L'auteur a très bien su les intégrer dans son synopsis : "Les personnages se sont échappés des pages, il faut leur courir après". Évidemment, dit comme ça ça fait très penser à Card Captor Sakura, sauf que le thème des contes paraît justifier l'utilisation d'un livre davantage que des cartes. De plus, le lecteur connaît déjà les personnages dont il est question, il est donc d'autant plus drôle de les retrouver et de voir de quelle manière Jenny a choisi de les représenter et a imaginé leur confrontation à notre monde.

Reste le thème de la magical girl, qui on aura beau dire, reste bien peu original en soi et malheureusement bourré de clichés, qui constituent le principal point noir de la lecture. La "phase d'explication" se révèle même assez ennuyante car constituant une énième redite de tous les discours introduisant le genre, heureusement elle ne dure même pas dix pages. Pour le reste, je dois bien dire que Jenny s'en sort avec les honneurs. Non seulement son manga bénéficie des qualités graphiques nécessaires et d'un synopsis d'ensemble qui tient debout, mais sur certains points elle parvient même à se démarquer un peu du genre.

Par exemple, avec ses quinze ans, son héroïne est plus âgée que la moyenne habituelle des magical girls, elle a des problèmes d'adolescente et se situe dans une situation familiale complexe qui ne demande qu'à s'approfondir dans les tomes suivants. Elle a des amies, et pas qu'une, et un amoureux potentiel avec lequel sa relation semble se profiler plus équilibrée et réaliste que dans la plupart des shôjo. Et on découvre en fin de tome que parmi ses "pouvoirs", réside celui d'une force physique démultipliée, qui pourrait bien donner à la série des scènes d'action plus musclées que ce à quoi est habitués, comme en témoigne le passage où un ours la projette contre un paroi !

De même, la mascotte n'est pour une fois pas un animal mignon, mais une créature ayant bien forme humaine, puisqu'il s'agit d'une fée. Cela lui donne aussi la possibilité, en grandissant, de s'intégrer aux humains, ce qui pourrait bien pimenter la suite.

Beaucoup de bonnes surprises donc. Un seul élément me laisse sceptique pour le moment : la longueur de chaque "partie". Le tome entier ne suffit pas à boucler l'histoire de Blanche-Neige, et plusieurs jours se sont apparemment déjà écoulés dans le récit. C'est bien de développer autant, mais si on imagine que plusieurs contes se sont échappés, il paraît peu probable qu'ils se manifestent un à un durant un intervalle aussi long, d'autant que la fameuse belle-mère n'y va pas de main morte.

Même si quelques points pourraient être améliorés, pour l'heure ce premier tome présage de belles promesses, et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on surveillera les volumes à paraître !

En bref

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