Critique Global manga DreaMaker #2

7
DreaMaker

par Tampopo24 le ven. 3 nov. 2023 Staff

Le cauchemar continue

Belle petite surprise lors de sa découverte, DreaMaker confirme
être un titre plein de potentiel, à l’univers riche et profond, marqué
par la tristesse et les drames, qui suscite donc bien des émotions à la
lecture.

Le retour dans l’univers fut pourtant un
peu ardu. L’auteur nous déstabilise dans ce deuxième volet en changeant
le focus de l’histoire dans ses premières pages et en nous déracinant.
Il nous plonge dans le passé afin de mieux comprendre le présent et le
futur. Place donc à un aller simple au coeur des mythes et légendes de
Lugdunum, à une époque lointaine où un mal mystérieux sévissait
gravement. Avec énergie, l’auteur nous ramène dans une ville ancienne
crasse et pleine de misère où la maladie mais aussi la violence règne.
Qui est à l’origine de tout ce mal ?

Talentueux conteur, alors qu’une réponse
se dessine, il nous ramène dans le présent et l’euphorie de la
découverte de la ville par un Kiio tout naïf qui ne voit pas bien le
rôle qu’il va avoir à jouer dans tout cela, et nous non plus il faut
bien l’avouer. Il faut donc que l’auteur nous prenne par la main au
milieu de sa narration plus que foisonnante et très cartoonesque, pour
nous retomber les pieds sur Terre et nous rendre compte de ce qui se
prépare. Schéma assez classique, ce sont les adultes, ces figures
d’autorité et ici des mages acrédités, qui vont mettre des mots sur la
menace qui est de retour. Le saisissement est garanti. Pour autant,
l’ensemble reste flou.

Ce moment de flottement, nous allons
constamment le sentir dans l’ambiance encore plus étrange de ce tome.
Lors de notre première rencontre avec Kiio, le cheminement narratif
était assez clair. Dans cette suite, cela se complique, l’auteur
mélangeant légendes du passé, peurs du présents et non-dits des adultes.
Il faut donc accepter de ce laisser guider dans ces méandres, de sauter
d’une scène à l’autre sans bien tout comprendre, pour petit à petit
raccrocher les wagons et faire possiblement le lien entre le drame vécu
par Ziio, enfant battu et maltraité par ses parents, et l’épidémie qui
semble refaire surface et qui n’a rien de naturel.

Encore une fois, j’ai aimé le talent de
l’auteur pour faire vivre cet univers. Sa dynamique graphique
m’émerveille dans sa vivacité, sa poésie et sa noirceur tout à la fois.
On sent ses inspirations venant des cartoons mais aussi de l’animation
japonaise et notamment de Ghibli (regardez la couverture !). Il nous
plonge avec un côté onirique très pop dans les sombres désirs et
désespoirs des hommes, femmes et enfants de cet univers. C’est doux et
effrayant à la fois. Il n’hésite pas à se montrer très violent, même
graphiquement, alors que nous sommes a priori dans un titre à
destination d’un public plutôt jeune (moins que ce que j’aurais
recommandé après avoir lu le tome 1 ^^!). Mais parfois, il y en a
tellement de partout sur ses pages que c’est dur de s’y retrouver, dur
de suivre, dur de comprendre, dur de se rappeler. J’aime la complexité,
j’aime l’audace, mais j’aime aussi comprendre.

Cependant, je ne peux pas lui enlever
qu’il aborde des thèmes vraiment intéressants. En plus des violences
subies par Kiio qu’on connaît depuis le premier tome, il nous fait
rencontrer Swann qui a été victime de brimades par des camarades. Il
nous emmène aussi dans un passé tragique auprès de la lie de la société
et on va à la rencontre des miséreux obligés de faire n’importe quoi
pour survivre, prostitution, vols et violences sont à l’honneur. Il
n’hésite pas non plus à pointer du doigts le côté récalcitrant de
certains gens de pouvoir à agir, car ceux-ci préfèrent rester
tranquilles dans leurs pénates. C’est un auteur engagé et ça fait
plaisir.

En bref

DreaMaker reste un joli patchwork de thèmes sombres dans un univers très pop où le mignon côtoie l’impitoyable pour mieux nous interroger sur nos noirceurs. C’est vif, profond, percutant. On se perd un peu parfois dans la douce folie de l’auteur et son engouement pour son propre univers et ses personnages, mais la lecture laisse toujours des traces, et le drame de Ziio ne semble que commencer ! J’ai hâte de découvrir l’ampleur de la suite.

7
DreaMaker
Positif

Une belle virtuosité graphique dans la composition ultra dynamique des pages

Un dessin pop qui tranche avec la noirceur permise

Une intrigue qui s'approfondit en allant vers ses racines

Un nouveau compagnon pour Kiio

Un héros toujours au coeur des drames qui va connaître un tournant décisif

Les adultes passent à l'action

Negatif

Un début in media res un peu rude

Une narration parfois brouillonne qui rend la compréhension difficile

Une noirceur qui n'est pas pour tous les publics

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