Critique Manga Le paradis des chiens #1

6
Le paradis des chiens

par Sherryn le dim. 8 févr. 2015 Staff

On trouve de tout dans les manga, on le savait déjà, mais il est étonnant à quel point cette allégation se voit régulièrement vérifiée par de nouveaux titres paraissant sous nos contrées. Ainsi en va-t-il de cet étrange shôjo : Le paradis des chiens, un titre adressé à de jeunes enfants et qui a pour thème les chiens, et pour second thème, la mort.

Ce manga se présente sous une série d'histoires en un chapitre mettant en scène la relation d'un maître et de son animal. Les récits sont assez rapides et vu le thème, la tristesse est assurément toujours au rendez-vous. Néanmoins, chacun se termine tant bien que mal sur une note positive, les chiens adressant une "lettre" magique à leur ancien maître pour leur assurer qu'ils ont rejoint un paradis merveilleux où ils sont heureux, et qu'ils ne souhaitent pas voir leurs compagnons demeurer dans la tristesse.

Au début, j'ai eu de la peine avec le manque de réalisme général. La relation entre les propriétaires et les chiens possède un côté très idéalisé, la narration possède un anthropomorphisme exacerbé qui m'a dérangée pendant plusieurs chapitres, le coup de la "lettre magique" a eu de la peine à passer... mais je m'y suis habituée.

En effet, le but de ce manga semble être avant tout de terminer sur une note d'espoir : la vie continue, il faut continuer à être heureux avec les bons souvenirs que nos amis nous ont laissés.

Ce titre est indéniablement adressé à un jeune public. Le graphisme, la narration, la naïveté et la simplicité générale visent complètement les jeunes de dix ans ou moins. Certes, ces histoires sont tristes, mais les enfants peuvent et ont le droit, d'aimer les histoires tristes (je me souviens clairement avoir toujours raffolé des émotions et des larmes, y compris durant l'enfance, eh oui, on peut être jeune et maso). Il faut admettre que l'effet est sans doute amoindri lors de la prépublication, quand on ne lit qu'une histoire à la fois, car c'est surtout le côté successif qui est poignant lorsqu'on lit un volume de ce manga.

Par ailleurs, la leçon à tirer est clairement un apprentissage de la mort. Grande amoureuse des animaux (même si j'ai, étonnamment, beaucoup de peine à apprécier les chiens justement...), et en ayant moi-même possédés et perdus plus d'une vingtaine à ce jour, j'ai souvent été atterrée d'entendre des histoires de parents incapables de gérer la tristesse de leur enfant lors de la perte d'un animal, ou même la leur, et préférer "ne jamais reprendre d'animaux plutôt que d'avoir à revivre ça"... Oubliant au passage les moments de bonheur apportés par l'animal de son vivant, et donnant plus d'importance au vide laissé par son départ qu'aux années de joie qu'il leur a apportées. Ce qui est précisément le contraire du message qu'essaie de donner ce manga.

Le deuil est un processus qu'il faut connaître et apprivoiser, ne serait-ce que parce qu'on le vivra un jour où l'autre avec nos proches. Les animaux peuvent apprendre aux enfants l'expérience du deuil, et ce manga peut permettre d'appréhender ce thème, éventuellement avant de l'avoir vécu avec un véritable animal. Il est toujours plus facile de surmonter la perte d'un être aimé en songeant qu'il a rejoint un monde meilleur où il est heureux, et qu'il ne souhaiterait pas nous voir nous emmurer dans la tristesse.

Concernant les différents avis que j'ai pu lire sur le net au sujet de ce manga, j'ai souvent lu des interrogations sur le fait qu'il soit adapté aux enfants. Le nier constitue à mes yeux un vrai non-sens.

D'une part, sur le plan formel, il s'agit indéniablement d'un manga pour enfants.

D'autre part, il est plus malsain de dissimuler aux enfants la réalité de la mort que de la leur enseigner, cette négation pouvant avoir des effets terribles le jour où ils y seront confrontés : en effet, c'est précisément le manque de préparation psychologique et d'information (le processus de deuil d'un animal de compagnie étant trop souvent négligé ou méprisé) qui rend l'expérience amère et difficile à surmonter, parfois pendant des années. Donc, pour éviter ou en tout cas amoindrir cela, il convient justement d'en parler !

Enfin, les enfants peuvent tout à fait apprécier les histoires tristes, évidemment c'est une question de caractère, mais l'émotion n'est pas quelque chose qui doit être interdit aux enfants.

Même si la naïveté générale et le manque de réalisme ne parleront assurément pas à tout le monde, Le paradis des chiens reste néanmoins un titre qui a le mérite de ne ressembler à aucun autre sur le marché français.

En bref

6
Le paradis des chiens
Sherryn Suivre Sherryn Toutes ses critiques (856)
Partager :
Commentaires sur cette critique (0)
Laissez un commentaire