Critique Manga Enfer bleu #1

Dès les premières pages, l'intrigue dévoile ce que le résumé de l'éditeur laissait supposer, confirmant la nécessité du petit logo "Pour lecteurs avertis" présent sur la quatrième de couverture.

La jolie Mana, orpheline, est recueillie dans une famille adorable sur une île paradisiaque. Mais en vérité, elle subit en silence depuis ses 13 ans les viols répétés de son frère adoptif...

Si le ton dramatique est d'emblée donné, la narration n'est pas excessivement pesante, et suggère seulement les scènes les plus terribles. Sans montrer le côté sordide de ces actes, la mangaka concentre l'attention du lecteur sur les sentiments et le désespoir de l'héroïne, à travers ses expressions horrifiées, tristes ou mélancoliques.

L'histoire évoque la perfidie de ce fameux frère adoptif, Kakeru, le point de vue narratif oscillant entre le regard de sa victime Mana, et celui de Akihiro, jeune Tokyoïte fraîchement arrivé sur l'île, et déjà épris de la belle Mana.

Les dessins, plutôt ronds et doux, dépeignent bien les émotions des personnages, et dans l'ensemble les graphismes sont plutôt réussis, bien que parfois de qualité inégale dans le chara-design ou dans les proportions. Les décors quant à eux évoquent bien l'ambiance ensoleillée de ces journées d'école sur l'une des plus jolies îles de l'archipel japonais (l'auteure confie s'être inspirée d'Okinawa pour la dessiner) - la mer joue d'ailleurs un rôle important dans le scénario comme le suggèrent la couverture et le titre de la série.

Ce premier tome pose plutôt bien l'ambiance tantôt malsaine tantôt pleine d'espoir, suivant que l'on suit les manigances de Kakeru ou la bonne humeur communicative d'Akihiro. Le dosage manque cependant un peu de subtilité, le premier étant un "méchant" un peu trop cruel, et le second arrivant un peu trop vite comme le sauveur de Mana. Malgré cette rapidité dans les sentiments des différents protagonistes, on apprécie finalement que l'intrigue ne traîne pas en longueur et ne se perde pas dans un mélodrame qui aurait été malvenu.

A ce titre, le rebondissement final de ce premier volume, quoique un peu convenu, promet des développements intéressants à venir, dans un second tome très attendu que l'on lira avec plaisir.