Critique Manga Kingdom #64

9
Kingdom

par Tampopo24 le lun. 23 oct. 2023 Staff

L'Horreur de la guerre façon Kanki

Âmes sensibles s'abstenir !

Sale guerre ! Passant du feu de
l’action au froid du jugement, Hara nous indique la couleur en
couverture. Ce nouveau tome fait mal mais est nécessaire pour arrêter
d’idéaliser la guerre.

On savait qu’avec Kanki, ce ne serait pas
une guerre pleine d’idéaux et de belles valeurs, mais une guerre sale,
violente, réelle en quelque sorte. Mais le savoir et le voir sont deux
choses différentes. Depuis deux tomes, j’ai rarement lu quelque chose
d’aussi insoutenable dans Kingdom et pourtant cela fait 17 ans que l’auteur compose cette saga en s’appuyant sur les chroniques de l’époque.

Avec Kanki place donc à une guerre de
stratégie des plus meurtrières, une guerre qui va mêler plan brillant,
guerre de l’information et la désinformation surtout et violence
innommable sortant du cadre des accords la régissant et surtout des
volontés de leur souverain El Sei. Kanki ne fait pas dans la dentelle et
il est bien dur de voir ce que cache son regard impénétrable,
regrette-t-il, s’y sent-il obligé ou est-il juste une psychopathe ?
Personne ne le sait.

Le lecteur se prend donc de plein fouet
cette violence. Il est d’abord esbaudi par la hardiesse du plan du Grand
Général qui s’appuie sur ses connaissances historiques pour un tour de
force inattendu. Ça, ça a de la gueule même si ça a dû nécessiter de
gros sacrifices ! Puis il est estomaqué et révolté par les crimes de
guerre sciemment exécuté par les bras de l’armée de Kanki sous le
commandement de ce dernier. On comprend que ces tueries de masse de
prisonniers sont en partie dues au déséquilibre des forces et au risque
de poudrière qu’il y a encore, mais une telle violence laisse des traces
et l’auteur nous le fait bien comprendre. J’ai beaucoup aimé la façon à
la fois émotionnelle et rationnelle dont il traite le sujet. Il entend
les voix de chaque côté. Il voit également les traumatismes des deux
camps. Ah, l’horreur de ce qui est arrive à Raido ! Mais il voit plus
loin et imagine les conséquences de ce drame qui rappelle bien notre
histoire actuelle malheureusement. Ce fut donc particulièrement
douloureux à lire.

Et j’imagine que ce fut aussi douloureux à
écrire car l’auteur suit scrupuleusement les chroniques de l’époque
quant au plan d’unification d’El Sei et ce n’est pas facile.
Heureusement, il y a aussi quelques instants de bravoure au milieu de
cette horreur. L’affrontement final en mode kamikaze contre le général
adverse, l’arrivée d’El Sei sur place, ses retrouvailles avec Shin au
milieu de ce charnier, ça claque. Ce sont des moments marquants
parfaitement mis en scène pour poser le cadre et préparer la suite. Une
suite qui s’annonce d’une rare violence entre les déviances du pouvoir
adverse, le peuple de Zhao chauffé à blanc par ce qui vient de se passer
et le retour d’un grand général chez eux pour affronter Qin. Les
dernières pages sont pleines de promesses d’une froide vengeance et
d’une terrible résistances.

En bref

Avec l’impression que ce n’est pas possible, que ça se joue ailleurs qu’à Zhao, avec une autre armée que celle de Qin, on ressort assez assommé de la lecture de cette nouvelle phase terriblement violente de la guerre. On savait que ce serait douloureux. On savait que Kanki était impitoyable et imprévisible. Mais le voir en image, c’est autre chose. Bravo à Hara d’avoir osé aller jusque là sans faire de sensationnalisme et en condamnant ce qui devait l’être pour nous faire comprendre les mécanismes des guerres de conquête. C’est rude mais nécessaire.

9
Kingdom
Positif

Une lecture très rude

Kanki : un brillant stratège

Kanki : un homme impitoyable aux méthodes contestables

Une excellente mise en abime des horreurs de la guerre rationnalisées grâce à El Sei

Une préparation tonitruante de la suite terrible qui s'annonce

Negatif

Des moments insoutenables

Un écho douloureux à notre réalité qui peut être difficile à encaisser

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