Critique Père Fouettard Corporation 1

Je viens tout juste de terminer la lecture du tome 1 et je vous le dis tout de suite : J’Adore ! Avec un grand « A ». Le livre idéal pour les fêtes de fin d’années, Kurokawa a eu le nez fin, dommage de ne pas avoir pu vous le recommander plus tôt et à temps pour qu’il soit déposé au pied de votre sapin. Forcément ça parle de Noël et de son représentant, ou plus exactement de son double maléfique, le Père Fouettard. Celui qui punit les vilains enfants qui n’ont pas été sages dans l’année et qui ne méritent pas les cadeaux qu’ils ont commandés au père Noël.

 

Enfin, cela c’est au début, mais on se rend très vite compte qu’en fait les deux bonhommes sont étroitement liés, ils travaillent dans la même usine. Leur personnel est juste… recruté –Kidnappé- différemment. Enfin, je crois. Mais, je vais trop vite, commençons par le commencement.

 

Miharu Hino, 22 ans, un brin naïf doublé d’une tendance à dramatiser la situation, n’a jamais décroché de place à l’université. Eternel recalé mais tenace et courageux, il bosse toutes les nuits dans une supérette de misère. Insatisfait par son CDD depuis trois ans déjà renouvelable, Miharu rêve de décrocher un CDI dans une grande entreprise, de celles dont le nom sonne bien pour la famille, de celles qui… vous font trimer jusqu’à ce que mort s’en suive. Utopie quand tu nous tient.

 

Lorsqu’au soir du réveillon de Noël, il se laisse entrainer dans la débauche malhonnête de son collègue Keiser, aussi égoïste que stupide. Les invendus, censés être jetés dans la poubelle, avec interdiction formelle au personnel de taper dedans, vont sceller le destin de Miharu. A son grand dam il va écoper d’une peine qu’il ne mérite pas à cause d’un gâteau périmé, qu’il ne goûtera jamais soit dit en passant.

 

En effet, le Père fouettard alias Knecht pour les intimes et qui trainait dans le coin -espionnait serait plus juste- a assisté à la scène. Sourire aux lèvres, c’est pour lui l’occasion d’entrer en scène. D’abord cuisto, il sert à Miharu des Tripes bien chaudes, fumantes, c’est sa spécialité, puis il le saoule. Il montre ses chaines, sort son fouet, avant d’enfin ordonner à son énorme sac dégoulinant de bave de le manger tout cru. S’en suivent quelques péripéties burlesques, un réveil tonitruant et des présentations en règle.

 

Débarqué –séquestré- au pôle Nord, Miharu bien malgré lui, signe un contrat qui fait de lui un ouvrier de la Père Fouettard Corporation. Un bon salaire, logé, nourri et blanchi, il ne sait pas s’il doit se réjouir ou s’enfuir en courant. Les deux à la fois ? Sa maman, qui étrangement l’appelle chaque fois que son esprit déraille, l’aide à prendre sa décision. Le voilà embarqué dans l’aventure. Ses nouveaux collègues lui donnent de la contrariété cependant. Bien que mignons d’apparence, ils ont l’air déjanté et adorateurs des boulots illégaux. Shino en particulier qui possède une double personnalité. Tout semble louche au regard innocent de Miharu. Surtout la manière dont sont produits les jouets. Je vous laisse découvrir, mais sachez que votre vision d’usine à jouets changera pour toujours.

 

On rencontre à un certain moment un gars que Miharu prend au début pour le père Noël avant de se rendre compte que non. En réalité, le Père Noël est mort, de vieillesse nous dit-on mais Miharu a des doutes. Aussi, c’est Knecht qui dirige seul l’entreprise. Un mystère rode autour du costume du père noël d’ailleurs et au fur à mesure des évènements loufoques pour l’esprit de Miharu, les gens dans l’usine commencent à le considérer lui comme un génie, voire le « messie ». Une énigme qui sert de fil conducteur à toute cette histoire drôlesse.

 

Le dernier chapitre est consacré à Shino, qui en a pris pour 10 ans ferme de travaux forcés. On découvre son passé et ce qu’elle a fait exactement pour mériter un tel châtiment. Notre sadique petite ouvrière a des circonstances atténuantes. Mais, il serait vilain de ma part de vous dire pourquoi. Miharu comprend toutefois à ce moment qu’on lui a menti. Pas de CDI pour lui. Même le Père Fouettard ne condamne pas à perpétuité. A moins que… Ici se termine notre lecture. Hikaru Nakamura insuffle suffisamment de mystère à son histoire pour attirer l’auditoire dans ses filets. Direction donc le tome 2.

 

En tout cas, l’auteur sait où il va et parvient comme toujours à mêler humour et bons sentiments. Un humour omniprésent qui fait un bien fou au moral. Mais, qui pourrait devenir roboratif comme dans son autre série les Vacances de Jesus et Bouddha, si cela s’éternisait. Toutefois, à ce stade ce serait lancer des plans sur la comète et critiquer pour critiquer. Je n’ai rien à jeter dans ce tome 1, je l’ai avalé d’une traite, avec mes lèvres continuellement étirées d’un sourire. Tout est bien mené, dessiné. Les expressions de Miharu sont à tomber. L’idée est clairement originale, prendre Noël à contre-courant change de la féérie habituelle sans pour autant tuer le Mythe. Les personnages sont loin d’être clichés et on s’attache tout de suite à chacun d’eux. Excepté Kaiser évidemment. Il n’y a plus qu’à espérer que la suite ne se fera pas trop attendre.

KssioP

Continuellement l'esprit ouvert, je n'exclue aucun genre si ce n'est peut-être le genre guimauve ou Arlequin. J'aime cependant ce qui est différent, ce qui surprend. Rêveuse dans l'âme et aventurière chevronnée avec une manette en main, ma table de chevet se couvre de mangas, de romans, de cd's et d'une feuille de papier. Et bien souvent aussi d'un biscuit accompagné d'un thé car lire c'est certes bien mais avec confort et gourmandise c'est juste parfait.
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