Critique Sangreal - Road of the king 1

Fin octobre, le label big des éditions Kana regroupant des titres plus adultes accueillait une toute nouvelle série signant ainsi  l'arrivée d'une mangaka encore inconnue dans nos contrées. Toute comme Irono, la responsable de the grim reaper and an argent cavalier,  Maru Terayama dont la carrière vient de débuter très récemment voit également sa toute première œuvre être rapidement éditée à l'étranger. Prépubliée dans les pages du magazine Gekkan ! Spirits !  (Après la pluie, le couvent des damnés,…) de l'éditeur Shogukan et totalisant trois volumes, la série nous plonge dans une intrigue à l'atmosphère moyenâgeuse rappelant la veille Angleterre nous relatant l'ascension au trône de deux personnalités hors du commun obligé de déjouer complots et macabres fourberies gravitant autour d'une succession teintée de mort. Le fait que la série soit primée au shinjin komiku taisho de Shogakukan récompensant les jeunes auteurs et en tant que fan des récits respirant l’histoire, c'est tout naturellement que je me suis lancée dans la lecture de ce premier tome. Verdict? Ce dernier ne répond pas totalement à mes attentes sans pour autant être une immense déception, cette première incursion fut parsemée de bonnes et de moins bonnes surprises.

« La maison marciale est couverte de sang. Qui sera la prochaine victime de la guerre pour la succession au trône »

Au Moyen Âge, la princesse An du royaume d'Arabera porte sur ses épaules un lourd secret et désire plus que tout s'en délester... Au beau milieu de luttes sanglantes pour la succession au trône, An fait la rencontre de Circé, une tireuse de cartes de tarot, qui vit dans un quartier pauvre. À la cour qui fourmille d'ennemis, An et Circé vont tenter d'écarter le rideau du destin afin d'accéder à la "voie royale".

"Un récit sombre et oppressant avec ses forces et ses faiblesses"

Les premières pages empreintes de mort font leur effet notamment à travers le ressenti de la princesse An pour qui les veillées funéraires sont devenues le lot de son quotidien. Fille d'un roi sur ses fins et obligée d’être le témoin d’un perpétuel bain de sang, l'envie de fuir très loin et à toutes jambes bouillonne plus que jamais en elle un peu comme si cette dernière sentait l’ombre de la grande faucheuse sur ses talons. A la limite de la folie et ne sachant plus à qui faire confiance, sa rencontre fortuite avec une voyante lui permettra de faire face à son destin. Le trait très expressif, détaillé ainsi que l’encrage très présent nous permettent de ressentir pleinement la détresse et la frousse bleue de ce personnage qui comme une souris réfugiée dans son terrier sait qu’elle se fera un jour dévorée à pleine dents. Le début d’intrigue se veut donc bien campé grâce notamment à son ambiance à vous glacer le sang et à sa mise en scène très imagée qui va plus d'une fois rendre les événements assez prenants à suivre.  En très peu de temps, on se retrouve littéralement  pris dans le tourbillon de ce récit sombre qui va rapidement évoluer grâce à une première révélation.

Pour ma part, c'est précisément suite à cette dernière que le bas blesse car je m'étais imaginée suivre une toute autre histoire. On se sent quelque part trahi puisque sciemment induit en erreur et donc possiblement déçu puisqu'on lui a prêtée des attentions totalement fausses.  Je ne vais pas vous mentir mais j'ai quelque peu décroché de l'histoire suite à ce retournement de situation. Ce dernier n'est certes pas mauvais mais là où je croyais suivre le récit d'une femme forte et charismatique porteuse de changement, c'est un tout autre personnage qui m’est servi beaucoup plus trouillard et faible mais pas inintéressant pour autant.

Heureusement, le fait que ce personnage se liera avec la belle Circé la tirant des bas quartiers pour la hisser au rang de conseillère fera que la déception sera moindre puisque cette dernière dégage ce qui fait défaut à l'autre. Sa féminité, son assurance,  son bagou, sa détermination, son audace, autant de caractéristiques qui permettent au duo de plus ou moins trouver un équilibre avec une belle complicité et relation de confiance à la clé. De plus, Circé apporte également une petite touche de mystère à travers son passé mais aussi les raisons qui l’ont poussées à accepter l’offre de An qui nous renvoi l’image d’un cheval sur lequel personne n’aurait parié. De plus, ses dons de voyance la rendent captivante.  An aura d’ailleurs au moins le mérite de suivre ses conseils et d'opérer quelques actions marquantes qui font que les événements bougent à un bon rythme.

Suite à ces actions, l’enjeu des chapitres suivants se trouvera dans la capacité indispensable de savoir distinguer ennemi et allié. C'est dans cette question que réside toute l’angoisse du personnage d’An, il faut dire que sa nouvelle position attire la haine de protagonistes autrefois alliés. Son côté trouillard a malgré tout tendance à agacer malgré les risques qu’il prend mais l'horreur que le jeune An fut obligé de subir assistant à l’assassinat de l'un de ses proches fait que ce dernier trouve tout de même une certaine légitimité à nos yeux. Cela dit,  le fait qu’il n’assume pas totalement les changements qu’il a lui-même décidé de mettre en place peut également irriter à certaines reprises et accentuer son gros manque de charisme. Pour en revenir à cette question de savoir à qui faire confiance ou non, le chapitre sur les domestiques vient un peu casser le rythme et est un peu trop extravaguant à mon goût dans ce qu'il essaie de faire ressortir notamment la peine ressentie d'être soupçonné injustement.

On ne sait pour le moment pas grand chose des ennemis si ce n'est qu’ils font partie de la famille de An, sont fourbes et n'ont aucune pitié recourant à des méthodes peu orthodoxes pour parvenir à leurs sombres fins. Leur avidité de pouvoir est sans précédent, perpétuer de joyeux massacres n'est pas un souci pour eux et fait que l’action sera également de la partie.

Sur ce géant échiquier royal, chacun avance ses pions. Les dernières pages du récit donnent suffisamment envie de lire le second tome malgré les quelques couacs cités précédemment.

Enfin, le trait de l'artiste offre une réelle singularité au récit voir même un certain grain de folie certes mais il peut aussi déranger de par l’extravagance de la mise en scène de certains passages (celui où An assomme son assaillant)  ou par des expressions trop exacerbées donnant un côté too much qui ne sert pas forcément au mieux le titre (le chapitre des domestiques). Tout dépend de vos goûts en la matière, je fus à la fois conquise et moins convaincue par moment à l’image du récit.

Une dernière petite chose, les trois premiers tomes seraient en fait l’équivalent d’une première saison selon certaines sources assez fiables. L’information est à vérifier mais il m’apparait important de vous mettre au courant de cette éventualité. 

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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