Chronique : Ikumen after 1

On ne présente plus Kodaka Kazuma, figure emblématique du boy’s love. Elle a su réinventer le genre en donnant un côté shonen à certaines de ses œuvres telles que Kizuna ou Border. Malgré toutes mes lectures du genre, elle reste mon auteure préférée et Kizuna continue d’être un immense coup de cœur que je ne me lasse pas de relire. En 2012, Tonkam avait lancé un sondage auprès du lectorat français pour déterminer quels seraient les prochains titres à paraitre dans leur catalogue mais Ikumen after n’avait pas été retenu. Bien contente de retrouver ce titre chez Taifu, je débute la lecture de ce premier tome avec un certain enthousiasme !
 

« Avec un grand sourire comme ça tous les matins, j’ai l’impression de pouvoir surmonter n’importe quelle épreuve »

Jeune cadre et père célibataire, Asakura se bat au quotidien pour élever son fils seul en accumulant fatigue et stress. Il fait la rencontre de Kentarô qui vit une situation familiale similaire et trouve en lui le soutien dont il a grandement besoin. Ils deviennent amis, chacun soutenant l’autre à surmonter les difficultés. De nouveaux sentiments vont naitre, leur amitié va-t-elle prendre un nouvel essor ?

Autant être toute de suite honnête avec vous, ce nouveau titre de Kodaka Kazuma m’a conquise dès les premières pages. En effet, on débute ce récit avec Asakura qui doit emmener son fils à la garderie avant de commencer sa journée de travail. Tout le monde sait que c’est toujours un peu la galère au matin ; on court dans tous les sens, on est pressé par le temps, on finit par se stresser et par perdre patience surtout quand son petit bout traine et fait les choses à son rythme. Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’on enchaine les journées de travail épuisantes et qu’on gère tout seul. Ce sont des petits moments du quotidien pas toujours très agréables et qu’on préfère vite oublier qui nous sont décrit avec beaucoup de sensibilité et de justesse par l’auteure.


© Kazuma Kodaka 2011


En plus, les enfants sont de vraies éponges émotionnelles et elle parvient à l’illustrer de façon très touchante à travers le personnage d’Hiromi qui aimerait que son papa retrouve le sourire.

L’auteure change un peu de registre et s’attaque à un sujet un peu plus sérieux, celui de l’homoparentalité bien que dans un premier temps elle évoquera surtout les difficultés rencontrées lorsqu’on élève seul son enfant tout en travaillant dur pour subvenir à ses besoins. Le récit se révèle d’emblée captivant grâce aux réactions des personnages qui sonnent vraies et qui incitent même à réfléchir sur sa propre expérience.

 

« Le récit touchant et plein de douceur de deux pères célibataires à la recherche du bonheur »

On fera rapidement connaissance de Kentarô qui a une vision des choses très positive et différente d’Asakura. En effet, on a vite fait de se culpabiliser, de se dire qu’on est un mauvais parent et on finit par oublier l’essentiel. A partir du moment où on aime son enfant et qu’on fait de son mieux pour lui offrir une belle vie, c’est tout ce qui compte et c’est justement grâce à cette vision des choses que Kentarô deviendra un véritable soutien pour Asakura. On assiste ainsi à la naissance d’une très belle relation entre deux papas célibataires qui essaie de trouver le bonheur.

Le personnage de Kentarô apporte également une bonne dose d’humour et d’ondes positives, il offre un bon équilibre entre les deux personnages qui se partagent le devant de la scène. Même choses pour les enfants qui donne une dimension très mignonne et douce à certains passages du récit.Les deux familles vont passer de plus en plus de temps ensemble, ce qui annonce une suite encore plus intéressante.

Seule petite ombre au tableau, Asakura est très attachant mais un peu trop naïf à certains moments. Bien sûr, ce genre de personne existe mais on nous en a tellement servi à toutes les sauces que cela en devient presque rédhibitoire. Heureusement, ce trait de caractère ne ressort pas tout le temps, l’auteure s’en servant plus pour ralentir les choses et faire perdurer le plaisir.

Un dernier petit point qui peut déranger certaines lectrices bien que ce ne soit pas mon cas, c’est le fait que pratiquement tous les protagonistes sont gays. Pour ceux qui ont l’habitude de lire du Kazuma Kodaka, c’est une variable récurrente à toutes ses œuvres mais on peut facilement lui pardonner vu la qualité du reste.

 

© Kazuma Kodaka 2011


Dans sa postface, l’auteure nous confie avoir eu quelques craintes de dessiner une histoire plus calme. Alors c’est sûr, on est loin des scènes d’action de nos détectives à la charlie’s angel ou des altercations entre yakuza mais la mangaka a suffisamment de talent pour rendre une tranche de vie tout aussi passionnante grâce à quelques rebondissements et un rapprochement entre les personnages bien maitrisé. Les fans de l’auteure trouveront leur compte avec ce titre ainsi que ceux qui aime ce genre de tranche de vie. C’est aussi une belle façon de découvrir le travail de cette grande auteure.

Graphiquement parlant, Kazuma Kodaka a vraiment une patte unique et très plaisante. Les deux personnages principaux dégagent beaucoup de charme et ont un chacun un style bien différent ; Asakura avec son visage anguleux et ses traits fins, son corps mince et effilé, toujours bien habillé, dégage quelque chose d’assez féminin, ce qui colle bien à son caractère assez sérieux et soucieux de trop bien faire les choses tandis que Kentarô, avec ses long cheveux et son bouc, une carrure plus développée et un look plus décontracté contraste assez bien avec le personnage d’Asakura et sied bien avec son côté protecteur et chaleureux, ils sont d’ailleurs plutôt bien assorti. Le chara design des enfants est plus simple mais leurs bouilles sont vraiment trop mignonnes et on devine tout de suite qui est le fils de qui. Le tout est expressif et le rapprochement entre les différents personnages bénéficie d’une belle mise en scène. Si vous avez lu Kizuna, vous avez pu constater la nette amélioration du trait de la mangaka; on peut noter en autres que les personnages ne souffrent plus de problèmes de proportions et que le trait est devenu plus fin et plus soigné. Bref, c’est un régal.

Bien contente que le titre paraisse chez Taifu qui nous propose comme à son habitude un travail soigné et de qualité. Le prix est quant à lui plus abordable que chez Tonkam (12,95 € par tome, ça fait mal). Espérons d’ailleurs que Taifu ne se contente pas d’un seul titre de cette grande mangaka et continue sur sa lancée en publiant le reste de ses œuvres surtout que c’est une valeur sûre du boy’s love avec déjà de nombreuses fans.

snoopy

Lectrice assidue et dévoreuse de mangas à plein temps. Collectionneuse dans l'âme, jamais rassasiée au grand désespoir de mes proches.
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