Chronique : Dédale

La passion du bug

Reika et Yôko sont deux étudiantes qui ont toutes les deux une passion commune : les jeux vidéos. C’est pourquoi elles ont choisi de faire “débuggueuses” pour la société Klein Software durant leur temps libre afin de gagner un peu d’argent. Leur travail est donc de jouer aux jeux vidéos et de trouver tous les dysfonctionnements. Pour Reika, les bugs dans les jeux vidéos ouvrent de nouvelles perspectives et c’est pour elle une véritable passion que de trouver comment sortir du cadre imposé par le créateur du jeu. Cela lui ouvre d’infinies possibilités, l’accès à un autre monde en quelque sorte. Mais un beau jour, les deux jeunes filles se retrouvent parachutées dans un endroit inconnu mais qui ressemble étrangement aux locaux de la firme. En effet, nos héroïnes sont logées dans la résidence des employés de Klein Software.

 

© TAKAMICHI 2015


L’endroit semble inhabité et se présente comme un véritable labyrinthe de couloirs et de pièces en tous genres. Mais le plus étrange est l’agencement des pièces qui semble parfois avoir été fait de manière aléatoire, défiant tout sens pratique et toute logique. C’est ainsi que tout à coup, une porte donne directement sur le vide, qu’elles se retrouvent dans une pièce avec un gros trou au milieu ou encore qu’elles tombent sur des toilettes posées au beau milieu d’une pièce dans une position inhabituelle… mais ce n’est que le début de leurs surprises…

Elles vont alors essayer de sortir de ce labyrinthe en tirant parti des spécificités de cet endroit qui possède parfois des propriétés physiques étranges. Mais leur premier objectif va être d’essayer de prendre contact avec l’extérieur.


Comme un poisson dans l’eau

Quelle immersion ! Dès les premières pages, on prend un réel plaisir à explorer les lieux avec nos protagonistes. Et puis pour une fois qu’on ne se retrouve pas dans un monde parallèle s’apparentant à un RPG type héroïc fantasy… D’ailleurs, on ne sait pas vraiment où se trouvent Reika et Yôko. Sont-elles dans une expérience de réalité virtuelle ? Ont-elles été transportées dans un jeu vidéo ? Sont-elles dans un environnement réel ? Voilà les questions que l’on se pose en parcourant les premières pages de cette série.


© TAKAMICHI 2015


Mais l’expérience ne serait pas aussi amusante sans Reika. C’est clairement la plus passionnée des deux. Elle va de suite se sentir très à l’aise dans ce monde et va faire comme dans la vie réelle : essayer de trouver les failles pour comprendre où elle se trouve. Yôko va la suivre souvent malgré elle et participer plus ou moins activement aux expériences de la jeune fille. Elle va tenter de nombreuses choses pour comprendre comment marche ce monde faisant fi des risques potentiellement encourus...une vraie casse-cou ! Et de ce côté-là, l’auteur nous a gâtés. Le fonctionnement de ce monde est vraiment bien pensé et le raisonnement des jeunes filles est vraiment crédible et intelligent. Du coup, même si ce monde est fantaisiste, on se prend au jeu et on y croit ! 

La différence de caractère entre les deux héroïnes est très marquée dès le départ. L’une n’explore que pour trouver la sortie et rentrer chez elle alors que l’autre vit un rêve éveillé et se sent comme à la maison ! Du coup, cela va donner lieu à des situations comiques et même des disputes.

 

Et en plus y’a une vraie fin !

Même si l’auteur ne l’avait pas précisé à la fin du second tome, on se doutait que celui-ci avait déjà réfléchi à la fin de son histoire avant de la développer… et c’est vraiment appréciable !
Takamichi aurait pu se contenter de nous faire errer dans ce monde à l’atmosphère si particulière mais il a préféré assumer un vrai scénario qui tient debout et qui nous offre un final très satisfaisant...et le tout en deux tomes, ce qui n’est pas un exercice facile.

Alors certes, l’intérêt premier de ce manga est vraiment l’expérience originale que nous fait vivre l’auteur, ce sentiment de partir à l’aventure dans des décors familiers et à la fois surréalistes… un vrai moment de détente et d’évasion sublimé par des dessins immersifs de très bonne qualité. Il nous offre d’ailleurs de superbes illustrations pour séparer les chapitres et dans lesquelles on a souvent de belles perspectives qui mettent en valeur les lieux.


© TAKAMICHI 2015


On en veut toujours plus quand on apprécie la lecture d’une oeuvre mais dans le cas présent, l’auteur a fait le bon choix avec ce format court. On n’a pas de sentiment de précipitation comme cela peut être souvent le cas dans les oeuvres comportant peu de tomes. Le fond du scénario n’est pas d’une grande complexité mais c’est surtout son déroulement qui est intéressant et très ludique.
 

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Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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