Chronique : Billion Dogs T.1

Tous des pourris

Ichiru, brillant élève d’un lycée prestigieux, méprise son père, le maire de la ville d'Ichimatsu, qui entretient d’étroites relations avec le milieu mafieux et qui vise le poste de premier ministre. Il va donc s’associer avec Kyôsuke, un lycéen fauché, pour récupérer une énorme somme d’argent sale qui doit normalement servir au financement de la campagne de son père. Pour faire simple, Ichiru sera la tête pensante et Kyôsuke l’homme de terrain qui va prendre tous les risques.


© 2014 Naoki Serizawa, Muneyuki Kaneshiro. All rights reserved.


Dans Billion Dogs, l’auteur n’y va pas par quatre chemins. Il dresse directement un portrait sans concession du Japon underground où règnent les yakuzas et les politiciens véreux. Personne n’est tout blanc dans cette série, pas même les protagonistes. Ichiru, malgré son air de premier de la classe est prêt à user de toutes les méthodes pour arriver à ses fins. Mais les apparences sont aussi trompeuses car Kyôsuke qui a tout l’air du voyou de base semble finalement plus humain que son compère… mais ce n’est que le début !

En tout cas, les premières pages nous plongent directement dans le feu de l’action et c’est assez déroutant puisqu’on ne comprend pas vraiment à quoi sert la scène du début… mais pas d’inquiétude, l’auteur aime se jouer de ses lecteurs et va vite nous éclairer sur la situation...


Un vrai divertissement

Quand on commence la lecture de ce premier tome et qu’on découvre les enjeux politiques et les magouilles, on pense immédiatement à un très bon manga qui est en cours de parution chez Komikku : Inspecteur Kurokochi. Mais contrairement à ce dernier, Billion Dogs ne s’attarde pas uniquement sur l’aspect politique qui n’est en fait qu’un point de départ pour les aventures de nos deux “héros”. Sans être trop simpliste pour le moment, le scénario est pourtant bien moins alambiqué que dans Inspecteur Kurokochi. Ici, malgré la noirceur apparente du Japon que nous décrit l’auteur, il traite le sujet avec plus de légèreté et l’ambiance ne devient pas lourde ni glauque.

En effet, la différence de caractère entre Ichiru et Kyosuke donne lieu à de nombreuses situations comiques. Le rythme de la narration est soutenu et tout s’enchaîne de manière très fluide. Un savant mélange d’action et d’humour en somme mais avec une intrigue qui tient suffisamment la route pour nous captiver.

© 2014 Naoki Serizawa, Muneyuki Kaneshiro. All rights reserved.


Même si ce qui se passe dans ce manga se veut réaliste, certaines choses peuvent s’avérer plus fantaisistes mais rien de bien méchant. Aussi on pourra s’étonner de l’apparence de nos deux lycéens. Ils sont censés avoir 18 ans environ mais on dirait plutôt qu’ils ont 25 ans. Cela a l’avantage de leur donner plus de charisme mais on a du mal à y croire !
En tout cas, les personnages sont assez originaux dans le fond et la spontanéité de Kyôsuke fait vraiment plaisir et apporte une réelle fraîcheur à ce récit. Il est imprévisible et on sent que tout peut basculer avec lui ! Le père d’Ichiru, l’actuel maire de la ville, est quand à lui l’archétype de la pourriture à tel point que cela en est risible. Le lecteur ne peut qu’être du côté d’Ichiru et vouloir sa perte ! Et puis on se pose quand même des questions sur Ichiru qui, rappelons-le,  est l’instigateur de ce projet fou. Il apparaît comme trop parfait en quelque sorte puisque sa seule motivation semble être d’empêcher son père de devenir premier ministre sachant qui il est vraiment. Mais est-ce qu’il ne nous cache pas quelque chose ?

La touche graphique de Naoki Serizawa fait vraiment son effet dans ce premier tome. Le dessinateur de La Main droite de Lucifer nous gratifie de visages détaillés et très expressifs. Il aime également jouer avec les perspectives et possède un sens de la mise en scène certain.

On voit qu’il aime dessiner les gars rebelles ou encore les vrais voyous comme les Yakuzas. Et du coup, il s’est bien fait plaisir. Ces derniers sont vraiment flippants !

Tout ça pour dire que graphiquement, ce manga est une réussite et que l’immersion dans celui-ci est d’autant plus facile.


Retrouvez également cette chronique en vidéo : 

Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
Commentaires (0)