Chronique : Love in the hell

Découvrez le verdict de Poison Lady sur l'ensemble de la série


Rintaro Senkawa est un gars dans la vingtaine qui boit un peu trop une nuit et meurt. Mais c'est juste le début de l'histoire de Rintaro qui se retrouve en enfer où il fait la connaissance de son guide, une démone terriblement sexy, Koyori. Rintaro peut-il prendre cette situation suffisamment sérieusement pour se repentir des péchés de sa vie terrestre ou est-il destiné à être éternellement tenté et torturé par des démones en petites tenues aux massues hérissées de pointes ?

Publié dans la collection "erotic" de Glénat, Love in the Hell n'a en réalité absolument rien d'un titre dit "érotique", et s'avère au lieu de ça être une pure comédie, le genre de celles où le pauvre héros bébête en voit de toutes les couleurs. Et si, après lecture du titre, on ne pourra que s'interroger quant à ce classement étrange, force est de reconnaître que son humour, axé d'une part sur le gore, où l'auteur ne manque pas de se faire plaisir sur des planches brutales bourrées de détails (généralement sanglants: les yeux arrachés, viscères apparents et autres sont légion) ; d'une autre souvent situé très en dessous de la ceinture, en fait paradoxalement une oeuvre à l'ambiance un poil plus mature que ce qu'on a l'habitude de voir, sans pour autant atteindre les sommets d'un Ladyboy VS Yakuzas, par exemple. 

Ici, ça a beau être l'enfer, l'atmosphère fait même carrément bisounours, en grande partie à cause des personnages. A commencer par Koyori, toute mignonne, toute gentille, même si la demoiselle dissimule une grosse massue dans son minishort (ceci n'est pas une métaphore, bande de coquinous !) et se veut quelque peu susceptible. Rintaro, le héros, s'avère quant à lui être une pure bonne poire, trouillard, douillet, ce qui ne manquera pas de lui causer quelques problèmes dans un lieu où endurer des tortures reste le meilleur moyen de gagner sa vie! Le reste du casting n'est pas en reste: entre l'ami beau gosse-masochiste, le travesti, la froide-au-grand-coeur, l'excentrique solitaire et bien d'autres, à défaut d'être originaux, les personnages sont tous complètement barrés, et plutôt attachants, même si quelque peu superficiels.
Ce manque de profondeur se ressent hélas tout au long de Love in the Hell, à la fois dans le scénario et l'univers. En fait, l'on a l'impression de lire une très longue introduction, quelque chose qui n'est pas dérangeant dans les deux premiers tomes, mais devient carrément problématique dans le troisième. Celui-ci donne clairement le sentiment d'une série avortée que l'auteur aurait dû boucler tant bien que mal en l'espace d'un seul tome. L'on s'attendait, par exemple, à quelque chose de bien plus distillé et fouillé au sujet de la mystérieuse jeune femme blonde et de sa comptine. En soi, Reiji Suzumaru s'en sort avec les honneurs: en dépit de ce côté très accéléré, on a droit à des explications complètes et une vraie fin. Seulement, au vu du rythme des deux premiers volumes, on sent que tout ça aurait dû être beaucoup plus progressif. Quant à l'enfer, ce n'est au final ni plus ni moins qu'un décor au sujet duquel l'on n'apprendra rien ou presque. Dommage, car entre l'abîme et les autres villes, on devine que le mangaka avait des idées en réserve.

Et des idées, Reiji Suzumaru n'en manque pas. Il faut reconnaître qu'en matière de créativité, ses délires font souvent mouche. Jamais aller ramasser des plantes n'aura été si dangereux... Bref, côté comédie, même si l'on sourit plus qu'on ne rit, le contrat est parfaitement rempli. Alors oui, c'est très très bête, oui, ça tourne généralement autour de la chose d'une façon ou d'une autre, mais non, ce n'est franchement pas bien méchant... Si les tenues des démones sont en cuir à boucles et pas très couvrantes, l'auteur n'insiste pas plus que ça sur le physique de ses héroïnes, accentuant l'acquis que dans son enfer, ces tenues sont "la norme". En fait, il n'y a pas d' "érotisme" ni rien d'osé dans Love in the Hell: rien de plus que du fan-service somme toute finalement classique dans le fond, et beaucoup, beaucoup d'allusions partout. A toutes les pages ou presque. Mais c'est tout. Vraiment pas de quoi fouetter un chat... ou un pécheur.

Graphiquement, le constat est mitigé: l'auteur est capable de pondre des planches absolument superbes dans leur violence, de croquer des demoiselles dont le physique en laissera plus d'un rêveur, pour se foirer complètement sur les visages la page d'après. Quant aux décors, circulez, il n'y a pas grand-chose à voir... Globalement, ce n'est clairement pas laid, mais rarement exceptionnel.

Alors, faut-il acheter Love in the Hell? Tout dépend de ce que vous recherchez. Scénaristiquement, c'est l'encéphalogramme plat, et le côté expédié du troisième volume n'aide franchement pas. D'un autre côté, on ne lit pas un titre comme celui-là pour son histoire. Mais sur le plan du fan-service, ça reste vraiment hyper sage et n'émoustillera personne ayant plus de quatorze ans. Il ne reste donc que l'humour, débile à souhait, somme toute plutôt efficace, faisant de cette courte série un divertissement honnête, mais immédiatement oubliable. En soi, ce n'est déjà pas si mal... Idéal pour une soirée pluvieuse, avec le cerveau sur la table de chevet!

Pois0n

http://twitter.com/Svetlana_Mori Auteur de romance fantasy et paranormal romance. Photographe amateur, amoureux de musique hardstyle, gameur, dolleur, ayant vendu son âme à Domino's pizza.
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