Chronique : Evil Eater T.1 chez Ki-oon

Zoom sur ce nouveau seinen en 3 tomes édité par Ki-oon

Dans un Tokyo futuriste, les dernières découvertes scientifiques permettent de ramener les morts à la vie. Le hic ? Pour chaque personne qui revient, une autre doit être sacrifiée. Les autorités ont donc décidé de réserver cette avancée technologique au système judiciaire : désormais, on peut condamner les meurtriers à mort pour ressusciter leurs victimes. Mais les revenants, les Returners, comme on les appelle, sont souvent contaminés par un “bug”, une anomalie psychologique qui exacerbe les sentiments négatifs.

Jalousie, haine, colère, désir de vengeance font parfois d’eux des bombes à retardement plus dangereuses encore pour la société que les criminels envoyés à l’échafaud… Pour désamorcer ces situations potentiellement catastrophiques, le gouvernement utilise des fonctionnaires d’un genre nouveau, les Sorceristes, capables de plonger dans la conscience des malades et de déraciner le mal qui les ronge. Les agents Nagumo et Amagi sont de ceux-là. Et ils n’ignorent pas que le subconscient de leurs cibles peut aussi devenir un piège mortel…

 

L'au-delà : une thématique récurrente dans les manga mais...

Si vous lisez des mangas depuis un certain temps, vous aurez remarqué l'intérêt que portent les mangakas à l'au-delà, la mort et les personnes qui font le lien, d'une manière ou d'une autre, entre le monde des morts et celui des vivants. Ces croyances donnent naissance à un nombre impressionnant de mangas et à la lecture du synopsis d'Evil Eater, le seul mot qui vient est "encore ?!".

Mais ne jugeons pas ce manga sur un simple synopsis. Evil Eater parle de morts qui reviennent à la vie mais avec une certaine originalité puisqu'il s'agit d'une sorte d'échange. En effet, pour qu'une personne puisse "revenir" (on l'appelera "Returner"), il faut en sacrifier une autre. Cet "échange compensatoire de la vie" fait partie d'une loi qui a été votée dans le but de limiter l'utilisation de la sorcellerie pour ramener les morts à la vie. De plus, cette loi ne concerne que les personnes décédées d'une mort violente et criminelle : la victime peut revenir suite à l'exécution du bourreau.

 

EVIL EATER © 2012 Issei EIFUKU, KOJINO / SHOGAKUKAN


L'auteur ne se contente pas de nous parler de revenants comme dans beaucoup d'histoires mais il intègre ce concept dans un monde qui pourrait être le notre avec des lois qui régissent cette pratique. Au travers de ce fonctionnement, l'auteur nous parle de déontologie (les sacrifiés sont les criminels) et d'équilibre naturel (un revenant = un mort).

Cette vision des choses est en soi plutôt intéressante et offre une originalité certaine au récit.

 

Quand la psychologie des personnages surpasse l'action

Dans ce premier tome, Evil Eater nous propose plusieurs petites histoires qui sont en fait des missions que l'on confie aux agents Nagumo et Amagi. Nagumo détecte et expose le "bug" en entrant dans le subconscient du Returner et Amagi se charge de l'éliminer.

 

EVIL EATER © 2012 Issei EIFUKU, KOJINO / SHOGAKUKAN


Le pouvoir extraordinaire d'Amagi donne l'occasion au dessinateur de nous en mettre plein les yeux même si on ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe. C'est plutôt joli mais confus. Malgré cela, la part belle est faite aux sentiments des personnages, à leur vécu. Chaque cas est différent et le "bug" va exacerber des sentiments intimes du Returner jusqu'à la démence. On découvre donc à chaque fois le passé des personnages qui traînent tous des casseroles. Amagi qui est novice dans ce métier va avoir du mal à rester détachée face aux destins tragiques de certains.

Ceux qui cherchaient de l'action à outrance vont donc être déçus car l'intérêt de ce titre est ailleurs !

 

Une succession de missions...et après ?

Au fur et à mesure qu'on avance dans le manga et qu'on assiste aux différentes missions qui ont été confiées aux agents Nagumo et Amagi, on commence à ressentir une certaine lassitude. Comme dans pas mal de série utilisant cette trame scénaristique, le risque est que de devenir rapidement répétitif...et c'est ce qu'on est en droit de penser d'Evil Eater au départ mais la fin du tome nous ouvre d'autres perspectives réjouissantes.

Car il faut bien avoir en tête une chose qui a son importance : Evil Eater ne possède que 3 tomes et ce format pourrait bien jouer en sa faveur. On peut même aller plus loin : le final de ce tome sauve carrément la mise et donne envie de poursuivre cette courte série.

 

EVIL EATER © 2012 Issei EIFUKU, KOJINO / SHOGAKUKAN

 

En bref

Au premier abord, Evil Eater ne fait pas dans l'originalité avec son histoire de revenants mais arrive à tirer son épingle du jeu grâce à une approche intéressante. Malgré des scènes d'action confuses, le trait de KOJINO reste très agréable avec un design des personnages réussi et des visages expressifs. De plus, la fin du manga nous sort de la "routine" des missions et laisse présager une suite sombre et intéressante qui sauve littéralement ce premier tome. Sans ce final, l'appréciation finale aurait été bien en dessous...

A noter qu'en fin de manga, vous aurez droit à 3 pages de texte explicatives sur l'historique de la loi d'échange compensatoire de la vie. Ceci vous montrera quel rôle la magie a joué dans ce monde imaginaire mais très similaire au notre puisqu'on nous parle d'évènements historiques réels. Immersion garantie !

 

LES + LES -

- Des dessins réussis
- Une approche intéressante de la résurrection
- Un final qui sauve ce 1er tome

- Thématique trop commune
- Scènes d'action parfois confuses
- "Returners" un poil trop stéréotypés

 

Note :
7/10

 

Plus d'infos sur la série : VOIR LA FICHE D'EVIL EATER

 

Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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