Interview Masahiro Ikeno, auteur de Malicious Code

Découvrez l'interview de Masahiro Ikeno que nous avons réalisée lors de la dernière édition de Japan Expo.

 

Manga Sanctuary : Le public français ne vous connaissant pas encore, pourriez-vous vous présenter et nous expliquer votre parcours ?


Masahiro IKENO : Je m’appelle Masahiro IKENO, je suis l’auteur de Malicious Code. J’ai commencé par exercer le métier d’assistant pendant environ 6 ans. Ensuite, j’ai réussi à obtenir un prix des éditions Shogakukan avec une histoire courte. J’ai également été prépublié chez Shogakukan dans une revue hebdomadaire pendant quelques temps et ce n’est qu'après que Malicious Code a été prépublié dans une revue de Media Factory .


MS : Dans Malicious Code, vous faites un parallèle entre un virus informatique et un virus “classique”. Comment vous est venue cette idée originale ?


MI : En fait dans le scénario de base, il s’agissait d’un virus “standard”. Mais en discutant avec mon éditrice, nous nous sommes dit que l’on pourrait faire quelque chose de plus original et plus attractif pour le public actuel. Et du coup, nous nous sommes dit qu’utiliser du vocabulaire informatique pouvait aller dans ce sens là.


MS : C’est une sorte de parallèle avec l’intrusion des appareils électroniques dans notre vie de tous les jours.


MI : Oui tout à fait, content que vous l’ayez remarqué merci ! Les gens qui ont plus de 35 ans ont parfois plus de mal que les jeunes avec le vocabulaire informatique. Mais comme moi je le maîtrise plutôt bien et que j’entends souvent les jeunes l’utiliser, j’ai trouvé ça marrant de l’intégrer.


MS : D’ailleurs dans Malicious Code, l’informatique est relativement vulgarisée. Etait-ce pour ne pas plaire uniquement aux spécialistes et toucher le plus de monde possible ?


MI : En effet, nous ne voulions pas que le manga soit hermétique et qu’il ne soit pas adapté aux plus jeunes. Le coeur de cible de ce manga sont les 15-18 ans et si nous avions fait quelque chose de trop complexe, nous n’aurions plus pu toucher ce lectorat là.


MS : Par contre, on remarque qu’entre certains chapitres, des pages contenant des explications détaillées ont été insérées en annexe, expliquant même en détail le comportement du virus dans le corps humain. Est-ce quelque chose qui vous intéresse particulièrement ? Avez-vous fait des recherches à ce sujet ?


MI : C’est en effet une thématique qui m’intéresse et il se trouve que ma mère est infirmière et j’ai eu un accès facile à de la documentation.


MS : Entre les tremblements de terre et autres Tsunami, le Japon est souvent touchés par des catastrophes naturelles. Est-ce qu’une contamination à grande échelle fait partie de vos peurs ou plus généralement des peurs de japonais qui pourraient se sentir prisonniers de leur île dans un tel cas ?


MI : Effectivement, c’est l’une des peurs du peuple japonais. On se dit que même si on peut mettre des moyens en oeuvre pour endiguer la propagation du virus, on a le sentiment que cela ne vas pas se mettre en place tout de suite. Déjà, avec la grippe aviaire, nous avons pu voir comment cela s’est passé en terme de réactivité.


MS : Vous avez travaillé en tant qu’assistant de Nobuyuki Anzai sur la série Mar. Qu’avez-vous retenu de cette expérience ? En quoi cela vous a-t-il aidé pour la création de votre propre série ?


MI : Je respecte énormément Mr ANZAI. Il a beaucoup de logique dans son travail. Il travaille très vite étant donné qu’il a été prépublié dans une revue hebdomadaire et le rythme était difficile à suivre. J’ai travaillé avec d’autres mangaka connus que je respecte aussi beaucoup et qui m’ont beaucoup appris mais il est vrai qu’avec Mr ANZAI j’ai le sentiment d’avoir beaucoup progressé. Il me faisait confiance et me donnait carte blanche pour pas mal de choses. J’avais une certaine liberté.


Mr ANZAI avait cinq assistants, dont quatre qui étaient déjà mangakas professionnels mais qui n’étaient pas encore publiés. Mais après avoir travaillé avec lui, la majorité d’entre eux ont été publiés. Cela fut un très bon tremplin.


MS : Malicious Code étant terminé, est-ce que vous travaillez déjà sur un autre projet ? Si oui, pouvez-vous nous en dire quelques mots ?


MI : Avec mon éditrice, nous sommes effectivement en train de travailler sur un autre projet mais nous n’en sommes qu’au stade de la réflexion. On espère vraiment que ce titre sera également publié en France.


MS : Lisez-vous des mangas actuellement ? Si oui, quelles séries ? Quels sont vos mangas cultes ?


MI : En ce moment je lis un manga que j’aime beaucoup et qui s’appelle Kingdom (série publiée chez Shueisha et qui comporte 31 tomes actuellement ndlr). Je suis également un grand fan de Ushio to Tora de Kazuhiro FUJITA (manga en 33 tomes paru chez Shogakukan ndlr). C’est mon manga culte.


MS : Est-ce la première fois que vous venez en France ? Que pensez-vous de Japan Expo et de l’intérêt que les français portent aux mangas et à la culture japonaise ? Avez-vous pu rencontrer des fans ?


MI : Oui, c’est la première fois que je viens en France. J’étais déjà venu une fois en Europe, en Italie exactement.

Mon éditeur français me loge dans un hôtel entre le Louvre et L’Opéra...j’ai l’impression de vivre dans un musée ! (rires) Les bâtiments sont très impressionnants et magnifiques. Les français sont très chaleureux et je suis ravi d’être là.


J’avais entendu parler de Japan Expo et quand je suis arrivé hier (jeudi ndlr), je me suis dit qu’il n’y avait pas trop de monde en rentrant par la porte 1 mais quand je suis arrivé dans les allées où il y avait les stands j’ai vu qu’il y avait énormément de monde !  J’ai été impressionné et surpris que la culture japonaise puisse être autant appréciée que ça par les français et cela m’a vraiment fait chaud au coeur.


MS : Merci d’avoir répondu à toutes nos questions et nous vous souhaitons le meilleur pour la suite.


MI : Merci beaucoup à vous, c’était un plaisir.



Pour le moment, 3 tomes de Malicious Code sont sortis en France chez Komikku Editions.



Skeet

Créateur de Manga Sanctuary et avant tout lecteur de manga depuis la fin des années 80.
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