Interview de Takehiko Inoue

A l'occasion du Salon du Livre de Paris, nous avons eu l'occasion de rencontrer Monsieur Takehiko Inoue. 

MS:Bonjour M.Inoue, bienvenu à Paris

TI: Bonjour à l’équipe de Manga Sanctuary

 

MS: Pourriez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a amené à devenir mangaka?

TI: J’ai toujours aimé dessiner depuis que je suis enfant. Le fait est qu’au Lycée je devais choisir un club auquel m’inscrire et j’ai donc pu assouvir ma passion dans le club de Basket de mon Lycée. Finalement je me suis dit que je pourrai marier mes deux passions. J’ai donc décidé de devenir mangaka et de partager ma passion du Basket avec Slam Dunk.


MS: Comment se déroule votre travail sur la création des chapitres d’un série?

TI: Pour Vagabond par exemple, qui est prépublié dans le Morning de Kodansha, j’ai une réunion hebdomadaire avec le responsable éditorial avec lequel je travaille.

On y fait le point sur le courrier des lecteurs qui nous permet d’avoir un retour sur les chapitres précédents et ainsi pointer ce qui a été plus ou moins apprécié.

A partir de là on discute des évolutions possibles concernant les personnages et les évènements des prochains chapitres.

Ce travail là me permet d’orienter mes recherches afin d’être le plus précis et authentique lors de l’élaboration des planches. Par exemple si l’histoire tourne autour du domaine agricole je vais me renseigner sur les habits, les outils, les us et coutumes de cette catégorie à l’ère souhaitée.

C’est ainsi que petit à petit l’écriture des chapitres suivants prend forme et c’est également à ce moment que commence l’écriture du storyboard, du positionnement des cases. Au fur et à mesure cela m’amène à travailler sur les dialogues afin d’obtenir une première version. Mais en général à cette étape cela ne ressemble plus du tout à ce que l’on avait prévu à la base! (Rires).

Ensuite, je pose les coups de crayons afin d’arriver à une planche finale et en général à ce stade il est déjà plus que l’heure de rendre mes planches et cela devient un combat entre mes capacités physiques et mentales et le temps (rires).


MS: Est-ce difficile de faire vivre deux séries à la fois?

TI: Effectivement dans ces conditions cela ressemble à une gageure. Lorsque je finis un épisode d’une série et que je dois basculer sur l’autre je m’accorde du temps avec ma famille afin de me vider l’esprit et de ne plus du tout penser aux mangas. C’est ce qui me permet au final d’arriver à bien séparer mes séries sinon je n’arriverai pas à faire quelque chose de correct.


MS: Après Slam Dunk vous avez complètement changé de thématique avec Vagabond. Cela a-t-il été un challenge que vous vous étiez fixé?

TI: Tout à fait! Je ne souhaitais pas m’enfermer dans un style. J’aurai très bien pu faire un manga de foot ou de baseball mais cela aurait été trop “simple”.

Je souhaitais voir si j’étais capable, du jour au lendemain, de passer d’un style à l’autre.


MS: Vous avez peut-être un nouveau challenge en tête pour bientôt?

TI: (Rires) Non, je ne réfléchis jamais à long terme.

MS: Vous ne prévoyez donc jamais la fin de vos séries?

TI: Tout à fait!


MS: Nous ne vous demanderons donc pas combien de tomes reste-t-il à Real alors! (Rires)

TI: (Rires) Non, je n’ai pas encore de projet pour savoir comment continuer et finir Real.


MS: Avec Real justement vous êtes revenu, même si ce n’est pas le thème principal, au basket. C’est un sujet qui vous manquait?

TI: Non! Disons que l’on m’a demandé de faire quelque chose sur le basket et qu’à l’époque

je m’étais intéressé au basket en fauteuil roulant. J’ai alors découvert une toute autre discipline. C’est ce qui m’a plu dans cette thématique. De toute façon mon assistant a insisté pour qu’on le fasse là dessus.


MS: C’était un pari osé de faire une histoire sur le handicap, sujet très peu présent dans bande dessinée en général.

TI: Je ne pense pas que les mangakas aient une influence extraordinaire sur le monde. Cependant j’ai été touché par ces gens qui faisaient le sport qu’ils aimaient malgré leur handicap. Je me suis dit qu’il fallait en parler, les mettre en avant.


MS: N’y a-t-il pas eu, commercialement, des réticences concernant ce projet, pensant que vous alliez peut-être vous “planter”?

TI: Beaucoup de gens ont peut-être pensé cela au début cependant je ne me suis jamais posé la question, c’était ce que je souhaitais faire.


MS: Avez-vous un petit mot à faire passer à votre public français?

TI: C’est la première fois que je viens à Paris et ce que j’ai pu sentir en rencontrant les journalistes et les lecteurs de mes mangas c’est qu’au delà de l’intérêt qu’ils portent à ce que je fais, ils comprennent parfaitement les thématiques et messages que je souhaite faire passer dans mon travail et cela me fait très plaisir.


MS: Merci pour votre temps et bon séjour à Paris.

TI: Merci à vous!


Nous remercions les équipes de Tonkam et Kazé ainsi que le traducteur et Jeje-99.

onizuka-sensei

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