Interview des auteurs de Pokémon Noir et Blanc

Rencontre à l'occasion de leurs venues en France, début novembre

Hidenori KUSAKA et Satoshi YAMAMOTO, les sympathiques auteurs de Pokémon Noir et Blanc, édité chez Kurokawa, sont venus en France il y a deux mois (voir news 1 et news 2) pour venir à la rencontre de leurs fans français. Nous avons profité de leur séjour dans l'héxagone pour aller les voir le temps d'une interview. C'est dans une agréable ambiance que les deux mangaka ont accepté de répondre à nos questions.

 

5 tomes sont actuellement disponibles chez Kurokawa. Sortie du tome 6 dans quelques mois

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Bonjour messieurs, merci pour cet entretien. Pouvez-vous nous expliquer comment votre carrière de mangaka a débuté ?

Hidenori KUSAKA (scénariste) : En 1996, le premier jeu Pokémon est sorti au Japon. A l'époque je travaillais chez Shogakukan dans un magazine jeunesse en tant que rédacteur, mais j'étais également en contact avec diverses entreprises dans le but de créer des jouets issus de licences. Comme Pokémon commencait à avoir une sympathique notoriété, nous avons décidé de proposer un manga Pokémon dans le magazine. Il a été décidé de lancer cette série à la rentrée scolaire (avril au Japon) et l'on m'a demandé de me charger de ce projet. Comme je voulais travailler dans le manga, ce fut un plaisir pour moi que d'accepter cette offre.

Satoshi YAMAMOTO (dessin) : Il y a quelques années, voulant être auteur de manga, j'ai réalisé une histoire de 300 pages que j'ai présenté à différents éditeurs comme Shogakukan, Shueisha et Kodansha. Une personne de Shogakukan m'a dit que j'avais de l'avenir dans ce métier, c'est comme cela que ma carrière à débuté chez eux. A l'époque j'étais jeune et la personne en face de moi me disait qu'il ne fallait pas viser le Jump, qu'il n'y avait que des fous à la Bakuman là-bas ! (rires) Pour débuter, on m'a demandé de rédiger une histoire de 30 pages qui fut éditée dans un des magazines de prépublication. Par la suite j'ai réalisé d'autres histoires courtes et un an et demi plus tard, j'ai commencé ma première série régulière dans le même magazine.

 

 

Comment est née votre collaboration pour la réalisation de Pokémon Noir et Blanc  ?

Hidenori KUSAKA : Le manga Pokémon a commencé sa publication en 1997, cela fait donc déjà 16 ans. Dans la 4e année de publication du manga, la mangaka avec qui je collaborais est tombée malade. Généralement quand ce genre de choses arrive, la série s'arrête... Mais cela me paraissais impensable et j'ai donc cherché quelqu'un qui puisse la remplacer. Au fil de mes recherches je suis tombé sur monsieur YAMAMOTO. Cependant, plusieurs mangaka étaient en compétition pour reprendre le poste, mais j'ai trouvé monsieur YAMAMOTO tellement fabuleux qu'il fut choisi (rires) ! Cela fait maintenant plus de 10 ans que nous travaillons ensemble.

 

 Messieurs Satoshi YAMAMOTO (à gauche) et Hidenori KUSAKA (à droite donc).

Vous remarquerez la superbe montre, l'incroyable cravate et le délirant bonnet Pokémon de monsieur KUSAKA !

 

Monsieur YAMAMOTO, avant de collaborer avec monsieur KUSAKA, connaissiez-vous bien le monde des Pokémon ? Comment avez-vous abordé cette collaboration ?

Quand on m'a proposé ce challenge, je n'avais que 3 ans d'expérience derrière moi et qu'une seule série régulière à mon actif (Kaze no Denshousha). La série était finie et mes nouveaux projets de mangas n'aboutissaient pas. J'étais donc très anxieux car l'argent ne rentrait plus. J'ai donc recherché activement un nouveau poste de dessinateur, et j'ai eu vent qu'un poste se libérait pour dessiner la série Pokémon. Sur le coup j'étais vraiment ravi, je me disais que travailler sur cette série me permettrait de ne pas faire grand chose et de bien gagner ma vie... J'avais tout faux ! (rires) Même si je connaissais bien la série, j'ai du revoir mes classiques !

 

 

Comment sont nés les personnages de Noir et Blanche ? Comment avez-vous abordé le manga ?

Hidenori KUSAKA  : Quand la décision de créer Pokémon Noir et Blanc en manga fut prise, la première chose sur laquelle je me suis penché était la psychologie des héros, Noir et Blanche. Parallèlement à cela, c'est en songeant à des films où le personnage principal est un animal (Babe par exemple) que je me suis dis « pourquoi ne pas faire la même chose dans le monde des Pokémon » ? Après tout, l'univers de la série est suffisament développé pour imaginer une société du divertissement autour de Pokémon star. De ce stade là, je me suis dis que cela ne serait pas un mal que le héros de cette nouvelle aventure soit un agent de Pokémon star. Voilà comment est née Blanche. Pour Noir, je me suis mis à la place d'un enfant : « Qu'est-ce qui m'évoque cette dualité du noir et du blanc ? » J'ai immédiatement pensé aux codes-barres et aux codes QR en me disant que Noir serait capable de lire ces sigles. Il lui suffirait de cligner des yeux pour scanner ce qu'il souhaite. J'ai retravaillé l'idée, j'en ai débattu avec monsieur YAMAMOTO et l'on s'est dit que si un héros était capable de faire cela seul, les Pokémon ne servent plus à rien. C'est en jouant au jeu que la solution est venue : « Et si Noir avait besoin de Munna, le Pokémon Manga-Rêves pour utiliser son pouvoir ? ». On est finalement parti sur cette idée, en imaginant que Noir était obnubilé par son rêve de remporter la ligue Pokémon et que le seul moyen pour lui d'évacuer cette idée imposante était de se faire aider de Munna.

 

 

 

Comment travaillez-vous ? Comment se déroule un mois de travail pour proposer un chapitre dans le magazine de prépublication ?

Hidenori KUSAKA  : Alors pour commencer, je joue au jeu Pokémon ! (rires) J'ai besoin d'être incollable sur le sujet et de là naitront les futures idées du manga. Quand les idées viennent, je les note et j'imagine les situations qui vont avec. C'est à partir de ce stade que je met en place mon story-board. Une fois prêt je la présente à la Pokémon Company pour validation ou modification. Une fois que l'accord a été donné, monsieur YAMAMOTO entre en scène et c'est à lui de jouer !

Satoshi YAMAMOTO  : J'étudie le story-board de monsieur KUSAKA, et j'y incorpore « ma patte » en modifiant certaines choses comme la présentation de la case, les proportions etc. Une fois cela fait, nous nous réunissons afin de voir ce qu'il faut garder ou ce qu'il faut évincer. A l'issue de la réunion je travaille sur la mise en page, puis vient l'étape de l'encrage avant de les scanner pour ajouter les trames grâce au numérique. Heureusement je ne suis pas seul, j'ai un assistant qui m'aide. Du story-board à la finition il s'écoule 7 à 10 jours.

 

 

Avez-vous des chapitres d'avance pour être sur d'avoir de la marge ?

Satoshi YAMAMOTO  : J'ai du travailler en accéléré juste quelques heures avant de prendre notre avion pour venir en France, afin de rendre mes planches pour le prochain chapitre ! Cela n'a pas été évident ! (rires)

Hidenori KUSAKA  : Je n'ai qu'un chapitre d'avance, autant dire que je suis mal barré ! (rires) Je fais en sorte de ne pas être malade, cela ne serait pas le bienvenu.

 

 

Avez-vous une idée précise du dénouement de Pokémon Noir et Blanc ?

Hidenori KUSAKA  : Je ne peux pas vous repondre précisément sur le nombre de tomes total. Comme vous le savez il existe le jeu Pokémon Noir et Blanc 2 et de nombreux français m'ont demandé quand l'adaptation manga verrait le jour. Mais d'un autre côté, beaucoup nous disent de prendre notre temps pour réaliser une superbe fin. De plus, notre éditeur a son mot à dire. En prenant en compte toutes ces opinions j'essaie de viser au milieu de tout cela.

 

 

Etiez-vous déjà venus en France ? Comment se déroule votre séjour et votre rencontre avec vos fans ?

Hidenori KUSAKA  : Je suis très content de ce séjour, les fans français nous ont beaucoup communiqué leur passion pour Pokémon. Les jeunes lecteurs français sont semblables aux fans japonais, ils sont très enjoués mais plus directs. Par exemple, un jeune garçon m'a défié en me demandant si j'avais vraiment fini le jeu ! (rires) Les plus grands sont très pointilleux sur les détails et j'ai eu affaire à de nombreux fans qui connaissaient les mangas Pokémon qui ne sont jamais sortis chez vous ! J'étais très impressionné ! En plus, nous avons eu plein de cadeaux comme des dessins, des badges. La ferveur pour Pokémon est forte et nous en sommes honorés !

 

 

Portrait Chinois :

un genre de film: HK : Die Hard ! SY : un western spaghetti où le héros meurt à la fin !

une couleur : HK : Noir et blanc SY : rouge

un animal : HK : un chien SY : un cochon

un genre de musique : HK : Eurobeat SY : Hardcore Punk

une ville : HK : Shinjuku SY : Kyôto

une fleur/plante : HK : une fleur de cerisier SY : du celeri

un genre de livre : HK : un manga SY : un thriller avec beaucoup de suspense !

un élément : HK : le feu SY : le bois

une boisson : HK : de l'eau SY : du café

un mot , une expression qui vous ressemble :

HK : Dieu nous donne la force de dépasser toutes les épreuves

SY : Il n'y a pas de bien ou de mal, c'est de nous dont nous devrions avoir peur

 

Remerciements à l'équipe de Kurokawa, particulièrement à Grégoire Hellot et Charlotte Marquevielle pour cette interview

Source: Kurokawa

Den d Ice

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