Critique Manga Peleliu #1

7
Peleliu

par P'tit Citron le lun. 8 oct. 2018 Staff

Peleliu - Guernica of Paradise, écrit et illustré par Takeda Kazuyoshi (avec la collaboration de Masao Hiratsuka pour la recherche historique), est un petit pari des Editions Vega parmi leurs premières parutions. Si les ventes n'exploseront probablement pas le compteur, les curieux et amateurs de mangas plus marginaux seront contents d'ajouter cet atypique récit de guerre dans leurs bibliothèques...

Tamaru est un jeune soldat parmi l'Armée Impériale Japonaise, envoyé sur l'île de Peleliu, peu avant la fin de la Guerre du Pacifique. Alors qu'il y découvre un paradis, entre une terre verdoyante et une mer turquoise, il se rend vite compte que tout cela va disparaître sous les explosions des batailles...

« Un charadesign doux contrastant avec un réalisme cru », c'est un des arguments de vente de l'éditeur, et à raison. C'est ce qui saute aux yeux et surprend à la lecture des premiers chapitres. Ces derniers, d'ailleurs, prennent le temps d'introduire tranquillement le récit, nous faisant presque oublier que l'ennemi peut surgir à tout instant et réduire ce paradis naturel qu'est Peleliu en cendres...

Si l'auteur a fait le choix d'un aspect minimaliste pour ses petits bonhommes, il affûte sa plume lorsqu'il s'agit des décors. Ceux-ci restent assez humbles, mais un effort y est mis pour une meilleure immersion. De plus, même si les planches restent claires, il n'y a quasiment jamais d'arrière-plan blanc. C'est appréciable pour une histoire qui se veut réaliste et qui cherche à transmettre des émotions directes.


Justement, c'est cet intérêt pour le ressenti immédiat, sur lequel se base la narration, qui m'a particulièrement intéressé. L'œuvre n'a pas comme ambition de développer un scénario aux mille embranchements ou de porter un message, du moins je n'en ai pas l'impression. Tout au long du tome, ce sont les pensées du protagoniste et les différents dialogues entre les soldats qui seront mis en avant ; en somme, leurs sentiments. Ca deviendra de plus en plus évident au fur et à mesure que l'horreur prend le dessus. L'auteur cherche à nous choquer, non seulement par les scènes de catastrophes qui nous sont illustrées, mais aussi par la compassion que nous ressentons quant à ces jeunes soldats, qui deviennent finalement de simples pions sur un échequier de la mort... L'identification aux personnages est étonnamment forte ; c'est épatant.


Niveau édition, c'est plus que correct. Un format 'seinen' classique bénéficiant d'une bonne qualité de produit. La jaquette, d'une matière inédite, agréable et permettant des effets de brillance, est tout aussi appréciable. Enfin, la traduction et le lettrage, réalisés respectivement par Satoko Fujimoto et Daphné Belt, semblent excellents.


Peleliu est un titre qui ne contentera pas tout le monde, mais on ne peut objectivement pas lui reprocher grand-chose. Personnellement, j'en suis très satisfait. A la fois captivant, intéressant et important, ce tome nous met dans l'ambiance à l'aide d'une construction aussi particulière qu'intelligente...

En bref

Témoignage (fictif ?) d'un Japonais à la fin de la Guerre du Pacifique. Atypique, le récit monte crescendo pour nous exposer l'horreur de la guerre par le ressenti de ses principales victimes : les soldats. Un premier tome réussi.

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Peleliu
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