Critique Manga Ne me quitte pas

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Ne me quitte pas

par Niwo le jeu. 6 sept. 2018 Staff

La couverture énigmatique de Ne me quitte pas m'a directement plu. Elle dégage beaucoup de tendresse et poésie, un ensemble qui me touche tout particulièrement dans les Yaoi. Mais bien loin de ce que j'avais imaginé, le titre est un mix de maturité et simplicité, assez difficile à cerner au premier abord. J'ai eu besoin de beaucoup de recul avant de savoir quoi dire sur la série. Mais peut-être que celle-ci a plus de qualités que je ne le pensais à chaud...


L'amour impossible


Le poisson rouge de Koga lui a été offert par son frère (par alliance, bien évidemment), même frère dont il est amoureux, un amour impossible. Le poisson rouge est comme une sorte de lien qui l'empêche d'oublier son amour et avancer, qui le ramène constamment dans le passé et le déchire à chaque fois qu'il est proche de lui. Mais dès le début du titre, ce même poisson rouge est violemment mangé par un affreux chat, dont le propriétaire s'appelle Tajima. Le principal problème avec ce fondement relationnel, c'est sa simplicité. Du vu et revu, encore plus dans le Yaoi. Bon nombre de garçons tombent amoureux de leurs frères par alliance et se retrouvent piégés dans une sorte de sphère interminable, jusqu'à ce que, ô miracle, quelque chose les sauve.


Ce n'est pas un mal en soi, étant donné que ça reste cohérent (bien que très triste, car inaccessible) et même si ça m'a un peu agacé, ça aurait pu être pire. Oui, effectivement, les deux frères auraient pu, par exemple, finir ensemble. S'en ficher de toute la pression et les regards autour d'eux, et juste vivre leur histoire. Mais que nenni... C'est bien et inexorablement un amour à sens unique. Et même si le fait d'utiliser un élément extérieur comme lien permanent est quelque chose de tout aussi classique, ça reste fluide et bien loin de la catastrophe que j'avais imaginée.


L'héros coupable


Car non, l'oubli n'est pas facile. Il faut du temps, même quand on perd tout ce qui nous liait à l'autre. Et c'est pertinemment ce dont Koga a besoin. C'est là que Tajima entre en jeu. Au départ, Tajima lui parle parce qu'il est intrigué, mais très vite, il essaie de lui dire que c'est son chat qui a tué son poisson. En vain : impossible pour lui de le faire, quelque chose l'en empêche. Comme si une force supérieure lui disait qu'en faisant ça, il perdrait tout. Et clairement, c'est un peu le cas. Koga devient pour lui quelqu'un de très important, quelqu'un qu'il aimerait voir sourire après l'avoir vu pleurer. Et même si la façon dont c'est développé est simple, tout est clair. C'est très bien fait et c'est tout ce qu'on demandait, ce qui est essentiel pour immerger le lecteur. Et bien souvent, c'est ce qui manque dans les Yaoi : Soit c'est d'une simplicité grotesque, soit d'une complexité absurde. Dans les deux catégories, il est rare de trouver des titres qui cherchent vraiment de belles bases pour leur récit.


Aimer, c'est long et difficile


Par ailleurs, si j'ai fini par apprécier l'ensemble avec du recul, c'est également grâce au développement dans son ensemble. C'est long, l'histoire entre les deux protagonistes prend une bonne partie du tome avant de se concrétiser et c'est appréciable. Car oui, même si vous en doutiez peut-être, il est nécessaire d'oublier et pardonner en amour avant de pouvoir aimer à nouveau. Et ce n'est pas en un claquement de doigt que ça se fait.


D'ailleurs, ce même point se tient jusqu'au bout : Nos protagonistes ne couchent pas ensemble. Encore une fois, adieu les scénarios tout pétés précipités vers la fin pour avoir droit à la scène de sexe habituelle. Leur relation, dans les derniers pages, n'était pas assez profonde pour aller plus loin, et c'est tant mieux. Lorsque l'on fait le choix d'étaler le développement de l'histoire amoureuse sur la longueur, il faut aussi réfléchir au fait que certaines scènes classiques n'ont pas leur place.

En bref

Ne me quitte pas est un bon One-Shot, nul ne peut en douter. Le développement se tient et les deux personnages ont chacun leur côté attachant. Alors que l'histoire pourrait tomber dans la facilité, l'auteure se contente de la simplicité, jolie au possible. Malgré tout, l'univers et les thèmes abordés restants trop classiques, je ne le clarifierais pas de "coup de coeur" mais plutôt de "coup de maître".

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