Critique Manga Strain

6
Strain

par Kamiville le dim. 18 mars 2018

On ne va pas passer par 4 chemins, Strain n’est ni excellent, ni mauvais. Si on devait distribuer les bons points, le dessinateur Ryôichi Ikegami en aurait certainement plus que le scénariste Buronson.

Tous ceux qui ont vu les planches d’Ikegami sauront reconnaître une nouvelle fois son talent pour le dessin, notamment celui des personnages, toujours aussi détaillé et réaliste dans Strain. Le souci du réalisme est tel que c’est l’un des rares manga (sans compter les autres oeuvres du dessinateur) où les asiatiques ressemblent à des asiatiques, les occidentaux à des occidentaux. Les expressions des personnages sont vraiment très bien retranscrites et Mayo et Shunichiro dégagent un charisme sans limite. Ces mêmes expressions sont accentuées grâce à de très nombreuses cases où seules les têtes des personnages sont dessinées sans arrières-plans, ce qui nous force à nous, lecteurs, à nous concentrer très souvent sur les expressions faciales des personnages. Ce choix de cadrer uniquement les têtes des personnages montre qu’Ikegami donne beaucoup d’importance aux expressions faciales mais en même temps, comme il n’y a pas d’arrières-plans, j’ai trouvé ces cases assez vides.
Autre chose qui m’a perturbé, c’est que même pendant les scènes de dialogues, on voit rarement un personnage ouvrir la bouche, côté dynamisme, c’est pas toujours ça.
Pour ce qui est des décors, ils sont très soignés avec quelques rares vues d’ensemble de la ville de Kuala Lumpur et ses nouveaux buildings dans un contexte de développement économique d’après guerre froide et les arrières-plans des petits quartiers chauds sont très détaillés.
Concernant les scènes d’actions, je ne les ai pas trouvées très dynamiques. J’ai l’impression qu’Ikegami dessine mieux les scènes “statiques”.

Maintenant qu’on a fini de distribuer les bons points au dessin, on va essayer d’en faire de même pour les qualités du scénario signé Buronson, qualités qu’on aurait aimé voir un peu plus...
L’intrigue est assez originale mais on devine vraiment trop facilement les différentes relations qui lient les personnages entre eux même si la vraie relation entre Mayo et Shunichiro est surprenante. Si ce n’était que ça, on pourrait juste reprocher au titre d’être trop classique mais non, le scénario souffre aussi de manque de crédibilité. Les personnages sont de sacrées girouettes. D’une page à l’autre, ils changent de bord comme de chemises, les méchants qu’on croyait méchant deviennent gentils alors que quelques pages plus tôt, ils vendraient leur mère pour faire la peau à Mayo et sa bande, ce qui résulte de renversements de situation pour le moins excessifs. Par exemple, Mayo doit se faire liquider par un groupe de tueurs à gage mais il se fait sauver in extremis par ses anciens ennemis. Ce genre de situations passeraient crème si elles n’étaient pas aussi nombreuses. Buronson en a clairement abusées, c’est comme s’il utilisait des cheat codes non stop pour sauver la peau de son héros, au bout d’un moment, ça fait too much.
Mais on peut tout de même admettre que l'ambiance et le contexte qui accompagnent le scénario sont plutôt audacieux : on se croirait vraiment transporté en Malaisie dans les années 90 où occidentaux et asiatiques se battent pour trouver des sources de pétrole à exploiter dans cette zone de l'Asie.


Au final, Strain, c’est un peu comme un film avec de très bons réalisateurs de renom mais qui n’est justement pas à la hauteur de ce que l’alliance des 2 réalisateurs promettait.
Je le conseille si vous n’avez rien à lire sous la main. C’est comme le film d’action de qualité moyenne du dimanche soir qu’on mate parce qu’on a rien à faire.


Pour finir sur cette critique, il faut également savoir que le manga, qui est aux éditions Akuma en France, se lit dans le sens de lecture occidental, personnellement, cela ne m'a pas dérangé mais ce qui est plus gênant, c'est que le sens de certains dessins n'a pas été corrigé. Par exemple, on peut voir que les billets de 10 dollars apparaissent à l'envers.

En bref

6
Strain
Kamiville Suivre Kamiville Toutes ses critiques (17)
Partager :
Commentaires sur cette critique (0)
Laissez un commentaire