Critique Manga Dans un coin de ciel nocturne

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Dans un coin de ciel nocturne

par snoopy le mer. 27 janv. 2016 Staff

C’était en juillet dernier que les éditions IDP lançaient leur nouvelle collection, Hana. Sous ce nouveau label, les titres seront dotés de 4 pages couleurs, d’une carte postale illustrée en couleur et d’une jaquette au vernis mat.

Les éditions IDP sont connues pour proposer des licences exclusivement boy’s love. Ils ont réussi à se démarquer grâce à leur politique commercial à savoir des prix défiant toute concurrence et leur formule abonnement. Un concept novateur et unique sur le marché français qui a su séduire de nombreuses fans du genre.

Sans doute suis-je devenue plus exigeante à force de lire du yaoi mais j’ai été assez déçue par les licences de cette maison d’édition. Bien sûr, certains titres sortent du lot mais ceux-ci se noient complétement dans la masse, ce qui est bien dommage puisqu’on risque de finalement passer à côté d’un bon titre. Toujours est-il que les titres de cette nouvelle collection ont su éveiller mon intérêt et correspondraient plus à ce que je recherche.

Hoshino est un jeune enseignant qui vient d’être transféré dans un nouvel établissement et qui est en charge d’une classe de primaire. Un métier passionnant mais loin d’être de tout repos puisqu’il va très vite être confronté à un élève difficile et bagarreur en la personne du jeune Shôta. Suite à une bagarre entre ce dernier et un camarade de classe, Hoshino décide de convoquer leurs parents. Il était loin d’imaginer que cet évènement allait le mener à revoir son sempai au lycée qu’il admirait tant. Mais était-ce seulement de l’admiration ?

Il y a un bel effort de la part de l’auteur qui met joliment en scène les retrouvailles entre les deux jeunes gens. Cette scène donne l’impression au lecteur que c’est le destin qui les réunit après s’être perdus de vue pendant si longtemps.

Ce qui est d’autant plus agréable, c’est qu’ils se connaissent déjà et ont des souvenirs communs. On évite ainsi le schéma classique « quelqu’un me plait-je lui fais une déclaration-j’entame une relation avec lui le lendemain ».

Hoshino, plus introverti et manquant de confiance en lui, éprouve des difficultés à accepter ce qu’il ressent pour Sudô. Il n’a pas réussi à lui ouvrir son cœur et a préféré refouler ses sentiments de peur d’être blessé et de s’être imaginé des choses. Pourtant Sudô avait à l’époque du lycée fait un premier pas mais voyant Hoshino paniquer, il a préféré renoncer sachant que les relations entre hommes sont compliquées. Seulement malgré les années qui passent, impossible de l’oublier tant il s’était senti compris par ce dernier qui ne s’était jamais moqué de lui et l’avait encouragé à poursuivre ses rêves.

On découvre tout ceci grâce aux flash-back qui ponctuent intelligemment le récit et permettent au lecteur de mieux cerner ce qu’ils éprouvent l’un pour l’autre.

Après toutes ces années, ils ont changés. L’un est devenu enseignant et mène une vie plutôt tranquille tandis que l’autre travaille dur pour faire face à ses responsabilités. Au début, les relations entre les deux jeunes gens sont plutôt froides et Sudô qui souffre de voir Hoshino revenir dans sa vie, ne peut s’empêcher de le taquiner. Même si c’était maladroit, cet évènement va faire remonter des souvenirs et Hoshino va finir par ne plus penser qu’à son sempai. Mais celui-ci terriblement blessé, va se refermer complétement.

Le gros point fort de la série réside dans la psychologie des personnages qui est exploitée finement et la justesse avec laquelle les sentiments évoluent. Que ce soit les doutes, les peurs, les angoisses, les regrets, la culpabilité, l’auteur les met brillamment en scène et nous offre un récit mature et réfléchi.

En plus de tout ceci, elle parvient à développer suffisamment ses personnages secondaires pour les rendre attachants et crédibles dans leur rôle. La relation de Shôta et Sudô, par exemple, est bien plus complexe qu’on pourrait l’imaginer au départ. Sudô se sentant terriblement coupable du drame vécu par Shôta le prend sous son aile et essaie malgré les difficultés d’être un bon parent pour lui. Idem pour Mami qui fait une brève apparition réussit tout de même à intéresser le lecteur et apporter un petit quelque chose de plus au récit.

L’auteur conclu d’une très belle manière son récit sur un moment fort dans lequel les personnages se disent enfin tout ce qu’ils ont sur le cœur et c’est à ce moment précis qu’on prend conscience en même temps que Hoshino de toute la souffrance endurée par Sudô. Magnifique !

De plus, j’ai beaucoup apprécié le trait particulier et très agréable de l’auteur.

Les personnalités de Sudô et de Hoshino sont très différentes et cette différence est accentuée par leur chara-design respectif. L’auteur donne à Sudô un côté très classe et ténébreux qui tranche assez bien avec le look plutôt mignon et effacé d’Hoshino. Que ce soit les tons des yeux, des cheveux ou des costumes, on voit qu’elle y a réfléchi et le résultat est vraiment plaisant.

Les personnages secondaires sont soignés surtout le jeune Shôta qui est vraiment mignon.

L’auteur joue avec un contraste de noir, de blanc et gris pour mettre en valeur les états d’esprit et les émotions. Ce qui attire l’attention du lecteur et l’interpelle sur le ressenti des personnages principaux.

Le découpage des cases est à la fois une force et une faiblesse dans ce titre. Il y a une jolie mise en scène qui donne l’impression au lecteur que les personnages sont en mouvement et l’immerge un peu plus dans l’atmosphère un peu mélancolique de certaines scènes. Certaines expressions sont vraiment magnifiques. Mais il laisse paraitre trop d’espace vide.

Bien qu’on puisse le trouver un peu minimaliste au vue des arrières plans inexistants et des nombreux espaces blancs, le graphisme contribue clairement à l’ambiance poétique du récit.

L’édition quant à elle est de bonne facture. Le prix est plus que correct pour un tome comptabilisant 280 pages comparé aux autres maisons d’éditions qui proposent du boy’s love.

La couverture en vernis mat est du plus bel effet avec son fond étoilé et le papier utilisé est épais. Les illustrations en couleurs sont bien présentes dont une sur une double page. On aurait tout de même aimé que cette dernière diffère de l’illustration utilisée pour la couverture. Mais avec leurs couleurs froides, elles sont vraiment jolies et annoncent bien l’ambiance du titre.

Par contre, pas de carte postale mais peut-être est-ce parce que j’ai acheté le tome à part et non le pack entier.

En bref

Bien contente de m’être laissée tenter par cette nouvelle collection, j’ai passé un très bon moment de lecture avec Dans un coin de ciel nocturne. L’auteur aura réussi en l’espace d’un tome à nous transporter dans son univers et à nous livrer un récit dans lequel la relation des personnages va évoluer doucement pour nous offrir une belle fin, sincère et touchante. Le trait de l’auteur m’a beaucoup plu et il y a une jolie mise en scène des événements. C’est un shonen-ai mais je le conseille tout de même à celles qui aiment le yaoi malgré l’absence de scènes érotiques. Une auteure à suivre donc !

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