Critique Manga Lune de sang #1

Doki-Doki et les yôkai, c'est une longue histoire d'amour. Après la tuerie intersidérale Otogi Matsuri et la fort sympathique Atori, voici qu'une nouvelle série d'action ayant pour thème le folklore japonais rejoint le catalogue de l'éditeur.
Et si je vous parle d'Atori, ce n'est pas par hasard: Lune de Sang et la série précitée ont en effet beaucoup en commun. La couverture de Lune de Sang annonce de suite la couleur: un peu d'hémoglobine, un peu de fan-service, et beaucoup d'action!

Il sera donc ici question d'inugami: des yôkai canins, pas vraiment câlins, avec un faible pour la viande fraîche et féminine de préférence. Dans Lune de Sang, les inugami partagent avec les loups-garou l'influence de l'astre lunaire... et la capacité de transformer les victimes de leurs morsures! Autant dire que Sakuya, l'héroïne, aura fort à faire pour limiter les dégâts.
Ce premier volume pose avant tout les bases de l'histoire. Et s'il s'agit d'un "bête" manga d'action, Tomô Maruyama a néanmoins soigné sa narration, notamment en ayant eu l'idée maligne de présenter le premier chapitre non pas du point de vue de son héroïne, Sakuya, mais d'une jeune fille complètement différente. On plonge donc en même temps que la dénommée Chiyo dans cet univers inconnu, avant de suivre les péripéties de la belle Sakuya, présentées sous forme d'histoires relativement indépendantes, même si le tout dernier chapitre fait apparaître un fil rouge.
Le scénario de ce volume repose donc sur les frêles épaules (d'albâtre) de la jeune femme. L'auteur nous révèle, goutte à goutte (de sang) sa vraie nature et son histoire, sans jamais reléguer l'action au second plan.

Car du côté de l'action, le contrat est rempli, et bien rempli même. Les combats sont assez fluides, relativement bien mis en scène, mettant bien en valeur l'héroïne et son kimono virevoltant. Le tout dernier combat du tome, surprenant, laisse apparaître un fort potentiel pour la suite.

En revanche, visuellement, le contrat est un peu plus mitigé. Si les bouilles perverses des inugami sont absolument extra, si le compagnon de Sakuya a des allures d'estampe traditionnelle qui le démarque des autres, et si la beauté froide de la demoiselle est bien rendue, le trait n'a tout simplement rien d'extraordinaire. C'est indéniablement propre, y compris du côté des décors, mais pas particulièrement beau. Lune de Sang ne sera clairement pas le manga que l'on achètera pour ses graphismes. Le chara-design en revanche, en particulier de Sakuya a vraiment été soigné dans les moindres détails, comme le souligne l'un des accessoires qu'elle porte (pour ne pas spoiler); de même que celui des antagonistes dévoiés à la fin.

Et quid du fan-service promis? Eh bien, de ce côté-là, douche froide: dans ce tome en tout cas, il n'y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. On voit un ou deux bouts de nichon et guère plus. Le macaron "15 ans et plus" sur la couverture est probablement plutôt dû aux quelques éléments gore du titre: ça gicle un peu, ça tranche pas mal, il y a des mains et des têtes qui volent, des corps découpés, et si le truc ne va pas aussi loin que Danzaisha de ce côté-là, le titre s'annonce au moins aussi violent que prévu.

En résumé, si Lune de Sang ne révolutionne pas le genre, et n'arrive, sans parler de la cheville, même pas aux orteils d'Otogi Matsuri pour le moment, Doki-Doki nous offre un petit manga d'action fort sympathique, au potentiel non négligeable, offrant un moment de lecture distrayant et agréable, ce qui, ça tombe plutôt bien, est tout ce que l'on demande à ce genre de titre! Le cliffhanger final donne méchamment envie de se jeter sur la suite, ce que l'éditeur a rendu possible en sortant le deuxième tome simultanément.

Enfin, du côté de l'édition, rien à reprocher: pas de coquille à déplorer, une impression nickel... et un petit bonus sur la quatrième de couverture, sous la jaquette.

Si seuls les fans du genre trouveront un réel intérêt au titre, et que, comme moi, vous en faites partie, vous pouvez sans hésiter rajouter un point à la note!