Critique Manga La Tour Fantôme #1

Deux ans après le meurtre sordide et cruel d'une femme ligotée aux aiguilles de l'horloge située en haut d'une mystérieuse tour, Amano Taïchi est un jeune homme sans amis ni relation sérieuse, sans emploi, et uniquement obsédé par la lecture de magazines érotiques et sa passion des polars. Plein d'espoirs et en quête d'amour et d'argent facile, il va suivre à ses risques et périls le mystérieux Tetsuo, et se retrouver confronté aux dangers de la "Tour Fantôme"...

Mêlant avec une narration fluide et maîtrisée le thriller, le surnaturel et l'horreur, dans le contexte vintage et rétro du Japon des années 50, la Tour Fantôme surprend par la très bonne mise en place de ce premier tome. Les bases du récit amènent déjà leur lot de meurtres (dont l'un parvient sincèrement à toucher le lecteur), avec une galerie de personnages secondaires malsains ou dérangeants.

Les énigmes distillées nous intriguent fortement, de même que les véritables buts des personnages. Le côté un peu "loser", particulièrement dépravé, vénal et détestable du héros détonne, mais on est surpris par ses multiples facettes et certaines de ses réactions, qui le rendent brièvement plus humain et plus intuitif. Cela promet des développements des plus intéressants, mais l'on est surtout fasciné par le personnage mystérieux et sans scrupules de Tetsuo...!

Les dessins retransmettent bien les émotions des protagonistes, avec une expressivité inégalée pour dissimuler derrière un sourire hypocrite et des traits lisses des intentions peu louables, ou transmettre la peur sourde ou la jalousie envieuse des personnages.
Les décors sont également très soignés, avec un souci de la réalité historique, donnant un certain cachet et une ambiance très réussie au titre, avec de plus un excellent découpage et un style élégant en contraste avec l'horreur crue de certaines planches.

La Tour Fantôme est en réalité l'adaptation en manga d'un roman: il s'agit de la version d'Edogawa Ranpo de Yûreitô, une œuvre multi-adaptée et originellement inspirée de A Woman in Grey par Alice Muriel Williamson, paru en 1898. L'univers d'origine est donc riche, et on sent que Taro Nogizaka le sublime en en proposant une version des plus sombres et inquiétantes!
Une bonne pioche pour Glénat, pour une série que l'on suivra assurément avec attention!