Critique Manga Cesare #1

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Cesare

par Sherryn le jeu. 11 avril 2013 Staff

Ce manga se propose de se pencher sur la vie de César Borgia. On se retrouve donc dans l'Italie du 15ème siècle ; une rapide présentation nous permet de situer en gros la société de cette époque héritière de l'Empire Romain, désormais disparu, et dont reste le Pape pour régner sur l'Église et la spiritualité.

La plupart des biographies mettant en scène César Borgia se penchent généralement plutôt sur ses années de stratège et de guerres lui ayant permis, avec l'appui de son père le pape Alexandre VI, d'unifier une Italie politiquement morcelée. Ce manga, par contre, entame son intrigue bien plus tôt, et nous propose de découvrir d'abord César Borgia jeune, alors qu'il était dans les rangs de l'Église afin de devenir cardinal, une voie dont il ne pourra se contenter par la suite. Le pontificat en cours n'est pas encore celui d'Alexandre VI.

Nous découvrons donc une tranche de la vie du personnage peu représentée habituellement, ce qui n'est pas déplaisant bien que parfois un peu endormant, l'essentiel du récit reposant pour l'instant sur des rivalités scolaires. Nous entrons dans la cour universitaire par les yeux d'Angelo, un jeune débarqué de la campagne, à peu près ignorant de toutes les conventions et ne cessant de mettre les pieds dans le plat, un moyen assez peu subtil (mais fonctionnel) de tout expliquer au lecteur aussi par la même occasion.

Ce que l'on pourrait dire de ce manga, c'est que de prime abord, il présente bien, mais quand on s'y penche de plus près, on constate certains petits défauts qui rendent l'ensemble moins bon que l'on ne s'y attend au feuilletage.

C'est notamment le cas du dessin : de prime abord, le trait de la mangaka est fin, séduisant et détaillé, retranscrivant efficacement les costumes et monuments de la Renaissance. Les personnages affichent par contre souvent des expressions paraissant un peu figées, en tout cas, peu dynamiques. Par ailleurs, les chevaux sont représentés avec des proportions improbables et affublés de postures certes nobles, mais peu réalistes. On constate aussi, çà et là, quelques erreurs graphiques (par exemple les étriers qui ont visiblement été "oubliés" de dessiner dans quelques cases).

Ensuite, pour les relations entre les personnages, on regrette leur manque de subtilité. Les rivalités entre les différents cercles sont trop tranchées et un peu caricaturales. Les protagonistes n'ont pas des caractères très nuancés, on devine tout de suite qui est gentil ou méchant et cette représentation ne change pas par la suite (ou alors à voir dans les tomes suivants).

César lui-même est largement représenté comme un personnage fascinant, mais surtout, la vision qui en est donnée est vraiment trop gentillette. Il est présenté comme un exemple de vertu et de droiture alors que, c'est bien connu, son charisme dissimulait en fait les manipulations d'un caractère particulièrement abject. À voir donc si cette vision évoluera par la suite, mais pour l'heure elle nous paraît un peu trop simpliste et idéalisée.

Sur la base de ce premier tome, on peut dire que ce Cesare apparaît comme un manga sympa, mais pas indispensable. Le fond comme la forme semblent perfectibles ; il faudrait le lire davantage parce que l'on s'intéresse à son sujet que pour lire un "bon manga". Les volumes suivants et l'orientation que l'auteur donnera à la suite de son récit, et plus particulièrement à sa façon de représenter les personnages et les événements, nous diront si la série mérite d'être suivie ou pas.

En bref

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Cesare
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