Critique Manga Proche Horizon

Après Souvenirs de demain, Proche Horizon est le second one-shot d'Ayuko. On remarque tout d'abord une évolution stylistique : bien que le dessin était déjà très joli dans Souvenirs de demain, il semble s'être encore embelli dans Proche Horizon. La marque de fabrique reste la finesse et le détail, et bien entendu un immense talent pour la mise en scène, qui parvient à retranscrire les sentiments avec force et délicatesse à la fois.

Là où Souvenirs de demain était composé de cinq nouvelles, Proche Horizon n'en contient que quatre, dont une -intitulée Nostradamus et Sakaki- qui est très courte avec seulement huit pages. Ce qui signifie que les trois autres sont plus longues et plus développées que les nouvelles de Souvenirs de Demain.

Bien que très courte, Nostradamus et Sakaki mérite une mention spéciale de par son originalité et sa qualité. Entièrement colorisée, cette petite histoire qui contient une infime touche de surnaturel parvient à dresser une tranche de vie très juste, très émouvante, et dont l'issue touche et fait réfléchir.

Les trois autres histoires ont pour thème l'amitié. Trois Secrets se distingue par sa construction ; en effet, Ayuko y adopte une narration étourdissante, sautant d'un point de vue à l'autre, les secrets et sentiments des trois filles étant exprimés à tour de rôle en un rythme rapide, les narrations étroitement imbriquées.

Proche Horizon se montre plus classique en traitant du thème de l'ami d'enfance ; toutefois, grâce à la qualité narrative et à la beauté graphique, on plonge complètement dans cette lecture qui parvient à nous transmettre toute une palette d'émotions.

Enfin, Keep a diary nous raconte l'amitié de deux filles qui se sont rapprochées, puis éloignées l'une de l'autre. Une fois de plus, c'est la construction qui fait de cette nouvelle une histoire assez unique, car la fin, quand elle tombe les masques et révèle la réalité, nous fait comprendre que tout ce que l'on avait lu jusque là n'était qu'un immense agrégat d'émotions et d'espoirs, fantasmes issus de la douleur et du désespoir.

Les fins de ces trois nouvelles sont parfois un peu brutales, mais on doit reconnaître qu'elles ne pourraient s'achever autrement. En dire davantage aurait peut-être détruit un fragile équilibre, un sous-entendu laissé à la libre appréciation du lecteur, et grâce auquel on émerge de ce one-shot ému, mais aussi rêveur et plein d'interrogations intérieures.