Critique Manga Japon 1 an Après

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Japon 1 an Après

par Misya le mer. 4 avril 2012 Staff

Un an après la terrible catastrophe qu'à subi la nation japonaise, Raphaël Pennes et l'équipe de Kazé ont utilisé leur meilleur atout pour apporter une pierre à l'édifice : l'édition d’œuvres japonaises.
En effet, ce recueil a été créé dans le but de récolter des fonds destinés à la reconstruction des régions sinistrées puisque l'intégralité des bénéfices des ventes sera reversée à la Croix-Rouge japonaise.

C'est au travers de 8 histoires, que nous allons nous immerger dans le terrible souvenir de ce 11 mars 2011 qui a bouleversé la vie de nombreux japonais.

« Tadaima » de Katsura Takada : Cette histoire nous fait ressentir l'angoisse d'un employé de bureau de Tokyo qui n'a pas de nouvelle de son épouse, après le séisme. L'auteur nous plonge dans l'angoisse de ne pas savoir comment vont les proches, s'ils sont à l’abri alors qu'un terrible événement vient d'avoir lieu. Un trait fin et délicat qui véhicule parfaitement l'émotion du personnage.

« Vivre » de Kaede et Mimu Hinata :C'est le regard d'un jeune homme qui a subi la tragédie de plein fouet. Ses parents ont été contraint de déménager, et ils mettent tout en œuvre pour qu'ils puissent se reconstruire. Les dernières images de cette histoire sont les plus fortes. C'est la solidarité qui est mise en avant dans cette histoire, elle est primordiale dans ce genre de situation, pour une reconstruction matérielle mais aussi morale.

« La survivante » de Yasmine et Ken Takahashi : Des images terribles de la ville de Sendai à genoux après le tsunami, et une survivante qui va découvrir, en état de choc, les immenses ravages qu'a subi sa ville. La description de l'horreur n'épargnera pas le lecteur, c'est dans ses détails que Ken Takahashi a insisté pour faire ressentir la souffrance de l'instant.

« C'est ton tour Gaichi » de Fuji Ma-Yu : Une troupe de théâtre doit donner sa première représentation le 11 mars 2011 sans savoir que cette date va rester à tout jamais gravée dans leur mémoire pour une tout autre raison. Elle traite directement de la perte d'êtres chers sans l'aspect larmoyant mais à travers le souvenir des survivants qui ne les oublieront pas.

« Un centenaire à Fukushima » de Dayhne Binatai et Yudai : A la suite du séisme, la catastrophe nucléaire à Fukushima a frappé de plein fouet le Japon et des milliers de personnes ont dû être déplacées pour se protéger de la contamination. Les personnes en charge de l'évacuation demandent à un vieil homme assis sur les marches de sa maison de les suivre et ils essuieront un refus catégorique : « Je ne partirais pas ». S’ensuit une chronologie de la vie de cet homme, sur cent années, qui retrace les plus grandes dates de l'histoire du Japon. Cette histoire est mon coup de cœur pour l'émotion qu'elle procure ainsi que son aspect instructif

Le cercle des liens de Yoshia Kono et Megumi Asada : Double tragédie pour ce jeune garçon qui vient de perdre sa mère, il lui rend visite au cimeterre de Sendai lorsque la terre tremble. Orphelin de sa mère, il ne souhaite pas renouer avec son père qui s'était tenu éloigné depuis sa naissance mais malgré tout accepte son aide pour se rendre à sa maison. En cherchant un héritage perdu il tombe sur une lettre de sa mère qui lui apprend une vérité qui va changer sa vie. Cette histoire nous dépeint l'espoir alors que tout semble perdu.

Le symbole de la reconstruction de Tetsuya Kawaishi : C'est l'aéroport de Sendai qui représente ce fameux symbole et les ouvriers et maître d’œuvre qui ont remis sur pied l'édifice en six mois à peine, ont réussi une prouesse dont seuls les Japonais sont capables. Cette histoire est un témoignage du tour de force de nombreuses personnes pour relever la région.

Un otaku à Sendai de Glou et Amane Asanagi : met en scène un jeune otaku et ses amis en train de s'amuser dans un parc sur les hauteurs de Sendai, vêtus de leurs costumes de super-héros. Moqués et chassés par des voyous, ils sont sur le chemin du retour lorsque le séisme a lieu. Un petit garçon s'approche alors de lui et le prend réellement pour son sauveur à cause du costume . Il lui demande s'il va les sauver du « monstre » qui a détruit la ville. Le jeune garçon sait alors qu'il n'y a qu'une seule façon, pour lui, d'agir. Il est mis en avant, dans cette histoire, que tout le monde a pu et dû apporter son aide sans se poser la question, la nation japonaise s'est unifiée face à ces terribles événements.

C'est une œuvre collective sincère qui n'a pour but que de démontrer l'attachement des lecteurs de livre japonais et manga au peuple japonais. Sans verser dans le pathétique, on se rend compte du drame qui a touché ce peuple non plus à travers des caméras impersonnelles mais cette fois à travers les yeux des personnes l'ayant vécus eux-même. On y constate un positivisme qui n'avait sans doute échappé à personne lorsque les médias nous abreuvaient de reportage, il est en effet encore présent dans chacune de ces histoires.

Une édition impeccable, sobre et réussie grâce au talent de Ken Takahashi qui offre l'illustration de la couverture en ton de gris sur un fond blanc avec pour soleil le rond rouge du Pays du soleil levant.
Les illustrations en couleur dédiées à chacune des histoire courtes sont remarquables. Un beau travail pour un beau geste que l'on ne peut que saluer.

En bref

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