Critique Manga Springald

9
Springald

par Therru le sam. 20 mai 2017

Chères lectrices et cher lecteurs,

Bienvenus au Black Museum.

Votre guide, la jeune conservatrice du muséee, vous attend derrière cette vieille reliure, trépignant d'impatience à l'idée de votre visite prochaine, et de vous apprendre les origines de ce haut-lieu du crime et de l'investigation policière.

Avant de vous plonger dans cette aventure bondissante de haute-volée, prenez un moment pour vous mettre dans les meilleures dispositions, en vue de vous préparer aux sombres événements qui parsèment ce récit.

L'action de "Springald" prend place sur le vieux continent, dans l'Angleterre du XIXème siècle plus exactement. À cette époque, nombre d'histoires sordides suintaient des ruelles putrides du vieux Londres. C'était l'époque des légendes, et l'une d'entre-elle a particulièrement attiré l'attention d'un narrateur du Soleil-Levant.
Son nom est Kazuhiro Fujita, le plus européen de tous les mangakas.

De son trait incroyablement dynamique, riche en détails et infiniment personnel, ce auteur de grand talent s'approprie à sa façon l'histoire de "Jack talons-à-ressort".
Un fieffé gredin qui terrorisa la capitale de long mois durant, avant de brutalement disparaître. Capable de bonds prodigieux, armé de longs bras griffus et extensibles, et un masque de démon crachant des flammes bleus, il a tout d'une créature légendaire.

Cependant, derrière chaque histoire invraisemblable se cachent des êtres humains, avec leurs failles, leurs manques, leurs fautes impardonnables et leurs folies, mais aussi chez certains toute la noblesse, la générosité, la tendresse et le courage dont est capable le genre humain. Après tout, les monstres comme les héros de nos rêves, nos cauchemars et nos histoires ne sont que des miroirs du monde qui nous entoure, où l'homme peut être un monstre et le monstre un homme.

Cependant, chères lectrices et chers lecteurs, il me faudra en rester là pour l'intrigue, car impossible de parler de Springald sans vous gâcher le plaisir de l'intrigue.

Sachez simplement ceci : il s'agit d'une excellente porte d'entrée dans la psyché et l'univers d'un auteur à la personnalité forte et à la voix claire, un dessinateur qui aime à explorer l'âme humaine non pas juste pour créer une histoire, mais parce qu'il est vraiment fasciné par son sujet, et n'hésite jamais à emmener ses personnages au bout d'eux-mêmes, pour le meilleur comme pour le pire. Un tel niveau d'engagement est rare, surtout que ses oeuvres restent immensément divertissantes et sans jamais tomber dans une forme de sentimentalisme ou de pessimisme mal placés. Même au plus profond des ténèbres qu'il aime à explorer, l'auteur garde toujours une lumière à proximité.

Si vous vous intéressez au travail de ce grand artiste, "Springald" constitue sans aucun doute une excellente base pour le découvrir.

Prenons aussi un moment pour saluer et applaudir le travail de traduction et d'adaptation incroyable de Sébastien Ludmann, traducteur attitré de l'auteur depuis son retour avec "Moonlight Act". Registre de langage, ton, rythme, rime, variété du vocabulaire, fluidité, consonance et assonance... Pas une seule fausse note ne vient entraver notre lecture, et même mieux, amplifie notre plaisir et notre immersion dans cet univers. Une vraie prose, un véritable amour de la langue française, qui vient encore davantage sublimer le trait graphique de ce grand auteur.
Ajouté au savoir-faire expert de Ki-oon, "Springald" est sans aucun doute un des titres les mieux adaptés du marché, rien que ça.

Vous l'aurez compris, chères lectrices et lecteur passés, à venir et en devenir, "Springald" est un titre indispensable à sa façon, aussi bien pour les amateurs de Kazuhiro Fujita que pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de faire connaissance avec son univers et sa vision du monde et des hommes.
Vous voilà donc prêt maintenant à passer les portes du "Black Museum".

En bref

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Springald
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