Critique Manga Bride of the Death

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Bride of the Death

par Pois0n le sam. 24 juin 2017 Staff

Contrairement aux apparences, Bride of the Death est tout sauf une romance... et c'est tant mieux !
Car si l'on a souvent pu voir le thème des mariages arrangés prétexte à des histoires niaiso-sirupeuses, ici, il sera moins question de découverte de l'autre que... de politique.

L'intrigue a beau se situer dans un monde légèrement fantasy, celui-ci n'en reste pas moins réaliste. Ainsi, l'union est présentée comme une transaction financière, Alicia et Kashvan font chambre à part (ce dernier ayant par ailleurs déjà sa favorite parmi les servantes, un détail faisant même office de running-gag) et n'interagissent pas beaucoup.

Dès le début, des intrus font irruption pour tenter d'empêcher le mariage, s'opposant à l'idée qu'un nouveau riche puisse « s'acheter » de la noblesse... Mais Alicia a beau être nunuche au point d'en devenir drôle, elle n'en reste pas moins terre-à-terre : de son côté aussi, l'arrangement est avantageux, et elle n'a nulle envie d'être ainsi « secourue ». C'est donc de son plein gré qu'elle reste auprès de Kashvan, même s'il ne l'aime pas : elle s'en fiche.

Ce dont elle ne se fiche pas en revanche, ce sont les nombreuses choses que l'on essaie de lui cacher ! Interdiction de s'aventurer hors de la propriété, interdiction de visiter la roseraie qui l'attire tant ; la terrible curiosité de cette fille à l'imagination fertile nourrie aux romans gothiques se trouve stimulée comme jamais. Autant dire que Nora, la servante jalouse, trouve largement son intérêt dans le fait d'aider sa nouvelle maîtresse à transgresser les règles... et c'est par ce biais qu'Alicia apprendra peu à peu à connaître l'homme qu'elle a épousé, bêtise après bêtise. Et surtout à démêler le vrai du faux au sujet de sa réputation de tyran. Kashvan est-il réellement un monstre sans cœur, ou seulement suffisamment ferme pour garder sa position ? La réponse à cette question constitue le cœur de l'intrigue et fait tout le sel de Bride of the Death. On assiste à la guerre de convictions entre le noble par alliance qu'est Kashvan, qui, puisqu'il n'a pas d'histoire, n'a pas de valeurs à défendre, et les nobles de naissance attachés à leurs terres malgré la révolte paysanne, à leurs valeurs et à la religion.

Car oui, la religion finit aussi par s'en mêler, transformant un scénario déjà touffu en joyeux bordel. Le problème, dans Bride of the Death, c'est que le traitement de tout ça est beaucoup trop léger. On a beaucoup de blabla inutile, ponctué d'interruptions dues au caractère d'untel ou d'un autre, qui ôtent tout sérieux au propos, et en se contentant d'égratigner la surface des sujets abordés. Du coup, Bride of the Death en devient involontairement une série comique, portée davantage sur les petits défauts de chacun des intervenants que sur son histoire. Alors, quand en plus s'ajoutent à ça des clichés...

En l'état, Bride of the Death est une lecture légère et sympathique, mais elle avait le potentiel pour être beaucoup plus que ça.

Graphiquement, c'est plutôt propre sans être extraordinaire, dans la tendance des shojos actuels. Seul le design d'Alicia sort un peu du lot, entre sa coiffure et ses lunettes. Pour le reste, circulez, il n'y a pas grand-chose à voir.
On regrettera en revanche une narration pas toujours fluide ou, au contraire, parfois précipitée.

Du côté de l'édition de Soleil, l'impression et la reliure sont correctes, et les pages couleur magnifiques. Par contre il y a tout de même un peu trop de coquilles là-dedans, suffisamment pour qu'on se demande si ce manga est passé entre les mains d'un correcteur ou non ! A huit euros le tome (!), c'est quand même violent...

En bref

Globalement, Bride of the Death est plutôt une bonne surprise, s'aventurant là où on ne l'attendait pas forcément. Dommage que le développement des différents thèmes abordés ait été relativement bâclé, transformant la série en "petit truc sympatoche", alors qu'il y avait vraiment matière à faire mieux.

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Bride of the Death
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