Critique Manga Virtus

7
Virtus

par Sherryn le sam. 6 avril 2013 Staff

Les cinq tomes de ce court seinen nous emmènent à la découverte de la Rome Antique, un cadre particulièrement original pour un manga. Si les auteurs restituent un univers plus imaginaire que réaliste, et non exempt de quelques coquilles historiques (Jules César n'a jamais été empereur !), ils parviennent néanmoins très bien à ressusciter cette époque, notamment par le dessin.

En effet, de bout en bout, Virtus est porté par un graphisme sans fausse note, réaliste et mature. On admire particulièrement le soin accordé aux décors, précis et détaillés, et la justesse des proportions (parfois musculairement excessives, mais cela correspond très bien à l'esprit général du manga). Le découpage permet une lecture fluide tandis que les cases et cadrages se montrent extrêmement expressifs, permettant une réelle immersion au coeur de l'action.

Concernant le genre, il se résume en un mot : bourrin. Le public visé : masculin et amateur de sensations fortes. Virtus n'est pas un manga où la subtilité, la finesse, l'intelligence ou la complexité ont leur place. C'est un titre qui vous offrira de la distraction, du sang, des viscères, des membres épars, des démonstrations de force, des scènes cruelles et ici ou là, de jolies femmes dénudées.

Quant aux personnages, ils apparaissent de prime abord comme un peu simplets voire caricaturaux, entre le faiblard à protéger, la montagne de muscles invincible et pacifique, le vantard énergique et un brin moqueur, les mauvaises têtes, sans oublier l'empereur tyrannique et archi-cruel,... Mais pour la plupart (les principaux en tout cas), ils ne tardent pas à se complexifier. Le scénario se penche en effet peu à peu sur leurs passés et les motifs de leurs crimes, et en fin de compte, ce sera bel et bien leurs évolutions, voire leurs métamorphoses, et non les faits eux-mêmes, qui constitueront le moteur et la finalité du récit.

L'intrigue, en effet, nous présente comme enjeu le renversement du cruel empereur Commode, si avide de jeux et de sang que tous craignent qu'il ne mène Rome à sa perte. Alors que la concubine Marcia s'allie à une sorcière pour lui confronter un groupe de "gladiateurs venus du futur", un groupe de sénateurs ne tarde pas à fomenter également le projet d'assassiner Commode, une fourchette secondaire distrayante mais sans grande influence sur le récit principal.

Le cinquième et dernier volume nous présentera en conclusion la transformation psychologique des protagonistes, laissant un goût de point d'interrogation mêlé de sous-entendus quant à la réussite effective du projet initial, une fin ouverte en somme, ce qui pourra éventuellement frustrer ceux qui attendaient impatiemment un véritable dénouement.

Relevons enfin que le manga ne nous montre pas seulement la confrontation de personnages ayant leurs faiblesses, physiques ou morales, que l'adversité leur permettra de surmonter. Elle met également en relation deux époques, la nôtre et l'Antiquité, en soulignant à quel point elles sont toutes deux pourries, chacune à leur manière, et comment leur rencontre peut les amener à prendre conscience de leurs défauts. L'atteinte d'une certaine élévation spirituelle à travers le surmontement des épreuves et la croissance de la force (physique et surtout morale) se posent ainsi comme l'objectif final du manga, et non le synopsis de base visant à la chute de Commode. En ce sens, Virtus s'apparente à un seinen dans la lignée générale des gekiga de samouraïs.

Ne perdons cependant pas de vue que le but premier reste la distraction, l'effusion de gore et les démonstrations de force. Virtus ne vous satisfera que si vous aimez ce type de seinen bien spécifique, mais si vous appartenez à la cible visée, alors aucun doute que ce sera jouissif.

En bref

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Virtus
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