Critique Manga Daisy - Lycéennes à Fukushima

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Daisy - Lycéennes à Fukushima

par Arlénone le lun. 8 févr. 2016 Staff

Ce diptyque m'intriguait depuis longtemps, car il s'agit du fruit de nombreux témoignages recueillis après la catastrophe nucléaire à Fukushima. Néanmoins, Daisy lycéennes à Fukushima me laisse un perplexe, au final. Car je ne pensais pas que ça aurait autant un aspect shojo, surtout. ç'aurait été intéressant d'avoir des points de vues masculins aussi, quand bien même l'histoire est centré sur un groupe de filles.
Mais d'un autre côté, pour être franche ce manga ne laisse pas indifférent. En le lisant, j'ai eu les larmes aux yeux plusieurs fois, car c'est vraiment troublant, horrible. Le quotidien des ces quatre lycéennes est chamboulé à tout jamais et leur avenir est on ne peut plus incertain. Cinq ans ont passé, et l'incident a vite été tu dans les médias par d'autres scoops nouvelles plus ou moins horribles, inquiétantes, sans qu'on se pose davantage de questions, qu'on imagine même comment les habitants touchés de près ou de loin par cette catastrophe vivent aujourd'hui et comment ont-ils fait depuis. Mais depuis le 11 mars 2011, comment vivent les habitants de Fukushima? Quel a été leur quotidien, au lendemain de la triple catastrophe?
Ce manga répond à ces interrogations, grâce au témoignages que Reiko Momochi a recueillis et réutiliser pour son diptyque. Dans Daisy, Lycéennes à Fukushima on suit ainsi le quotidien de Fumi et ses amies, avec leurs doutes et leur inquiétudes. Dès la lecture des premières pages, on est saisi par l'ampleur de la chose et par ces habitants démunis, qui sont laissé dans l'ignorance et leur malheur par le reste du pays et du monde. On se rend un petit peu compte de l'impact du danger des radiations, omniprésent, et de la peur qu'inspire celle-ci. A quel point, par exemple, l'incident nucléaire et ses retombées remettent en question l'avenir scolaire, professionnel, familial et même amoureux des quatre amies. Il y a notamment une scène, un passage qui m'a marqué: l'histoire de Moé, son départ précipité pour Tokyo et ce qui s'ensuit. Je n'en dirais pas plus, mais ça m'a ému et le comportement d'un personnage en particulier m'a agacé au plus haut point. Celui-ci représente parfaitement l'hypocrisie nippone (et mondiale aussi) quant à cet événement et au soutien apporté aux habitants.

Je me rends compte en écrivant cette chronique qu'en réalité, cette lecture m'a secouée et marqué plus que je ne pensais. Par son histoire, les intrigues relatées bien réelles mais qu'on ne soupçonnerait même pas, mais également par ses personnages. Car Fumi autant que ses amies, plutôt que de se laisser abattre choisissent de se battre. Je trouve qu'elles ont énormément de courage pour continuer à vivre le plus normalement possible ou du moins essayer, avec ce qui leur est pourtant tombé dessus. Chacune d'elle est touchante à sa manière, acceptant ce qu'il leur arrive de manière différente les unes des autres mais restant unies. Je ne me suis pas attachée à une des héroïnes plus particulièrement qu'aux autres, car chacune est attachante. Fumi, tout d'abord, perdue et partagée entre sa santé, son avenir, sa famille et ses amies, qui ne sait pas trop quoi faire, ni comment faire. Moé, dont l'histoire personnelle est horrible, presque tragique. (Y'a bien un personnage à qui j'aurais aimé ficher une ou deux gifles!). Mayu, qui est attendrissante et drôle. Et aussi Ayaka, la petite geek positive sans qui le groupe d'amies se serait sans doute dissout. Un personnage que j'apprécie beaucoup, car elle sourit, se montre drôle et énergique mais qui pourtant a beaucoup de mal dans sa vie personnelle aussi, comme tous. J'aurais aimé qu'on voit un peu plus son histoire, plutôt qu'elle ne soit simplement évoquée.

Les points qui me laissent un peu insatisfaite c'est le personnage de Tamaki. Sa relation avec un des personnage ne démarre que très tardivement, et on la voit à peine évoluer, si bien qu'elle semble prendre de l'essor d'un coup, après une longue période de stagnation. Ensuite, au niveau des dessins c'est très classique, très shojo comme je disais précédemment. Le personnage de Fumi, au niveau du trait, m'a beaucoup fait penser à Yuki Cross, dans Vampire Knight. Mais question caractère et relations entre les personnages, on se rapproche un peu d'Orange. (Tiens, d'ailleurs, mais... Daisy et Orange ne sont-elles pas toutes deux des séries de chez Akata? Ahahaha!)

Des détails insignifiants, en somme, car ce manga m'a vraiment touché par son aspect de témoignage, et les réflexions que l'on peut en tirer. Les thèmes abordés aussi, sont bien exploités. Je pense que c'est un manga à lire au moins une fois, pour se rendre compte de ce que représente Fukushima pour ses habitants et pour le Japon. C'est une lecture dont on ne ressort pas indifférent, et c'est tant mieux. En attendant, rendez-vous dans le tome 2 pour savoir ce que vont devenir Fumi et ses amies!

En bref

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