Critique Manga Mes voisins les yamada

Critique de l’intégralité de la série
« Mes voisins les Yamada » est un manga humoristique originalement publié dans un journal national japonais (Asahi Shinbun) sous forme de strips de quatre cases entre 1991 et 1997.

Nous suivons la famille Yamada, qui est une famille japonaise type composée de cinq membres : une petite fille espiègle, un adolescent feignant, une mère au foyer, un père salaryman, une grand-mère curieuse et un chien inutile. Cela donne un joyeux mélange haut en couleur.

Ce manga permet de découvrir une famille « classique » japonaise au jour le jour pendant 6 ans. Chaque strip est dessiné avec un humour léger qui se conclut sur une chute. L’oeuvre parodie le quotidien des familles typiques sur des thèmes très variés : hobbies, obligations, sorties, actualité, problèmes de société ou inter-générationnels. La lecture des premières histoires est assez difficile, seules les blagues universelles fonctionnent, le temps de comprendre le caractère et les manies de chaque personnage. Une fois habitué, de nombreux strips font mouche et provoquent sourires et hilarités. Toutefois beaucoup d’entre eux sont difficiles d’accès, et demandent au lecteur une bonne connaissance du quotidien et de l’actualité des années 90. L’éditeur met régulièrement des textes explicatifs mais certaines histoires sont tout simplement trop japonaises ! Cela se ressent sur certaines blagues intraduisibles avec des jeux de mots qui tombent souvent à l’eau. Bien que beaucoup de gags soit recyclés, la répétition est peu ressentie pendant la lecture des 2000 strips qui composent ce manga. L’oeuvre pointe, de façon humoristique, les travers et les anomalies que les japonais appliquent naturellement dans leur société.
Nous suivons les Yamada pendant plusieurs années, pourtant nous ne les voyons pas évoluer réellement. L’auteur aurait pu faire grandir ses personnages au fil des saisons. C’est fort regrettable sachant que le format originel est journalier. Tout comme l’humour bien trop gentil et qui manque d’impact. De ce fait la lecture ne se veut pas choquante, loin de notre habitude satirique. Malgré ces défauts nous nous attachons à cette famille simple et bourrée d’imperfections, et le titre reste un indispensable pour tout amateur de ce type d’humour. La lecture de cette série demandera de la savourer à très petites doses, sous risques de vite saturer et de ne pas l’apprécier.

Le dessin est très épuré, assez pauvre en décors, et les personnages sont dessinés simplement. Sachant que seul le propos est important, les images ne sont qu’un complément à l’histoire. Parfois les bulles sont mal placées et il est difficile de savoir quel personnage parle, cela n’a rien d’inquiétant mais demande plus d’attention pour comprendre de la chute.

Côté édition c’est Delcourt/Akata qui a édité les 3 mangas de 450 pages ! Ils sont en grand format de bonne qualité, et les couvertures ne sont pas amovibles. Attention tout de même, le carton blanc choisi pour ces dernières peut se salir rapidement, il faudra les manipuler précautionneusement. Nous pouvons féliciter l’éditeur d’avoir osé publier ce genre, très peu représenté en France. Ainsi que le soin apporté aux nombreux compléments d’informations présents sous les strips.

« Mes voisins les Yamada » n’est pas un mauvais titre, au contraire, il plaira à un public adulte aimant les chroniques sociales, les tranches de vie et l’auto-dérision. Le titre a un peu vieilli mais reste un bel exercice critique du Japon. C’est un plaisir de découvrir et d’apprendre le quotidien des Japonais avec humour, mais la difficulté de compréhension de certains strips pourra rebuter de nombreuses personnes.