Critique Manga Papillon

7
Papillon

par Mishka le lun. 23 juin 2014

Et voilà une autre bonne série dont j'ai enfin lu la fin. Si vous cherchez un bon shôjô pas niais pour un sou Papillon est fait pour vous. Le synopsis de départ peut sembler vu et revu (la fille qui tombe amoureuse du gars qui au départ l'aide à en séduire un autre), mais ça n'a aucune importance dans le cas présent, comme la force de ce manga ce sont les personnages, et la façon dont les événements sont traités. Ce qui est très rafraîchissant, c'est le côté réaliste de la relation entre Ageha et Hayato, ils se disputent, se réconcilient, mais surtout évoluent ensemble.

Les personnages secondaires sont attachants et bien travaillés (on se surprend à vouloir que les choses se passent bien pour Hana, qui est pourtant la jumelle diabolique au départ), et toutes leurs histoires réunies servent au fond le thème du scénario: la relation entre les personnages, et la façon dont ils gèrent leurs conflits, leurs remises en question. La famille d'Ageha et de Hana est une famille qui pourrait très bien exister, loin de certains clichés dans les shôjô (la famille qui se tue à la tâche pour survivre, ou encore les parents qui délaissent leurs enfants). Et bien non, c'est une famille normale, avec des disputes, et des événements passés qui ont laissé des traces et qui n'ont pas été forcément réglés. Mais au fond, c'est quoi la normalité ? Toutes les familles ont des soucis, même celles qui semblent les plus heureuses de l'extérieur, et l'histoire de l'enfance d'Ageha le rappelle.

Un des seuls points négatifs que j'ai eu à relever est peut-être la légère répétition d'un schéma à un certain moment de l'histoire (problème entre Hayato et Ageha, quiproquos, explication, réconciliation), mais cela ne dure pas trop longtemps, et c'est au final propre au shôjô. Par contre, il y a quelques répliques de Hayato qui m'ont chiffonnée. Il dit à Ageha à un moment donné : ''J'ai bien fait de t'avoir choisie, tu es spéciale.'' ou encore qu'elle doit encore évoluer. Je pense que ce n'est qu'une maladresse de la part de l'auteure, ça laisse penser que Hayato voit Ageha comme une enfant moins mature que lui, qu'il veut la voir changer et évoluer, ce qui est probablement vrai mais la formulation laisse un peu perplexe. A la place d'Ageha, ce genre de réflexions ne me ferait pas plaisir. Une dernière chose qui m'avait irritée, c'était le comportement de Hayato au moment ou Hana tente de briser leur couple. Je comprends parfaitement la colère d'Ageha, face à Hana qui se comporte en parfaite garce, et face à Hayato qui reste très zen après toutes les manipulations de la jumelle. Faire passer Ageha pour une fille un peu hystérique à ce passage est un peu exagéré, surtout qu'elle n'a rien à se reprocher.

Parmi les éléments qui font l'intérêt de l’œuvre, les quelques notions de psychologie qui sont dispersées dans les tomes (enfin surtout dans les premiers) se révèlent assez sympathiques. Bien sûr rien de freudien à l'horizon, juste des clés qui peuvent franchement être utile au lecteur. Cela tourne souvent autour de la façon dont on se met en colère inutilement, et de ces moments où il est dur d'accorder son pardon, alors qu'au final la situation n'est qu'une escalade de ressenti, de préjugés, de pensées hâtives qui n'ont pas lieu d'être. C'est en partie l'originalité de ce manga, de voir des choses parfaitement quotidiennes décortiquées de cette façon. J'ai trouvé intéressant également de la part de l'auteur de montrer que même Hayato le psychologue peut être en proie à des démons intérieurs, Ageha et le lecteur se rendent alors compte qu'elle n'est pas la seule à avoir des choses à régler. Ça rappelle qu'au fond, un médecin ou un psychologue, c'est humain.

La fin du manga m'a au départ rendue perplexe, parce que ce n'est pas ce genre de fin qu'on s'attend à lire pour un shôjô. Mais ça reste en fait dans le ton de l'histoire, même si quelques petits éléments m'ont paru frustrants. On peut en tout cas dire que la fin, plus sérieuse et dramatique que le début de l'histoire, est nécessaire à nos deux tourtereaux.

Au niveau du dessin de Miwako Oda, on est en plein dans les standards du shôjô actuel, cependant j'ai trouvé le tout très soigné, rien à redire. Les dessins n'ont pas peur de prendre de la place, et les pages plutôt dégagées offrent une lecture plaisante, on ne reste pas dix minutes sur le même dialogue. De ce fait on ne traîne pas à finir un tome, mais personnellement c'est quelque chose qui me convient. Rien à redire sur l'édition de Pika, et les couvertures réalisées pour la plupart au crayon aquarelle sont plutôt jolies.

En résumé, Papillon est une série fort sympathique et ni trop courte ni trop longue, et je la recommande à toutes celles et ceux en manque de bon shôjô.

En bref

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