Critique Manga Ezumi

L'homme nu en cage, tel un animal de Zoo, se fait regarder par d autres hommes se croyants hommes. Mais ils n'ont pas compris qu'ils étaient eux aussi des animaux.

Ezumi est pour moi un Artbook/manga choc, la plupart des illustrations sont en double-pages, beaucoup sont complexes, toutes en noir et blanc, chargées du malaise, du dégout, de la haine, de la résignation, de l'atrocité, de la perception de soi et de l'autre, de celle de la Vie totalement différente d'un individu à l'autre,de la mort, du viol ou de la torture, voici Ezumi. Mais pas que.

Les tableaux procurent de fortes claques pour qui veux les (com)prendre, un peu comme si l'on découvrait l'art du choc de l'art.

Les sens, le réseau qui se densifie (réseau social, industrie), l'homme carnivore est malsain, la vulve et les fleurs, les cheveux, la réflexion d'Ezumi sur le sens de la vie, la maladie et le stigmate, poésie... tout passe par des symboles.

Une Oeuvre sur la dépression ? Dépression qui fait que la vision de la vie en entier change ? (Oui). Un gouffre de noirceur absolue, de vérité absolue. La vérité d'un monde qu'on ne peut percevoir dans sa réalité objective qu'en état de dépression sévère, et que la normalité efface et déforme. Ezumi possède un oeil "sain", l'autre "malsain", évoquant la double vision du monde par l'héroïne.

En fait je ne fais qu'effleurer comme le fait l'auteur avec ses fleurs, la peau de ces illustrations, qui cachent bien plus. Choquant, révoltant, nihiliste, poétique, voici la vie résumée par l'auteur à travers son art.

Un livre de philosophie illustrée, voilà comment je le ressens. Aucun sens mais tous les sens. Chacun vivra ce livre comme aucun autre, et donc il est pour moi une oeuvre d'art contemporaine réussie.

Magnifique. Ultime. Point Barre.