Critique Manga Le pavillon des hommes #18

8
Le pavillon des hommes

par Tampopo24 le jeu. 23 sept. 2021 Staff

Chute en coulisses

Avant-dernier tome déjà de cette super fresque historique revisitée qui aura me passionner pour un pan de l'Histoire japonaise que je méconnaissais totalement avant, grâce à des personnages plus d'humanité.

Toujours par le prisme de ce qui se passe au Pavillon, nous allons assister dans ce tome à la lente chute du shogunat. C'est à la fois passionnant et déchirant. le choix de l'autrice de l'aborder par le biais de ce lieu si emblématique n'est pas sans conséquence. Elle se focalise ainsi sur les conséquences de ces décisions lointaines sur les hommes et femmes que l'on suit depuis toujours, nous évitant les nombreuses manoeuvres politiques de l'Empereur et des daimyos, ce qui nous auraient noyé sous les noms pour pas grand-chose. Ici, on n'en garde que la substantifique moelle et c'est bien suffisant pour se rendre compte de l'ampleur de ce qui se joue et surtout de la machinerie politique terrible que c'est. Non, ce n'est pas beau à voir. Non, rien n'est honnête, ni fait pour le pays. Mais ce sera fait.

La tragédie frappe donc une nouvelle fois à la porte du Pavillon. On est d'abord éperdue par la première perte qui les frappe de plein fouet dans les premiers chapitres et nous laisse sans voix comme le pauvre Prince. Fumi Yoshinaga met une fois de plus cela en scène de façon très sobre mais profondément émotionnelle. On ressent très bien la détresse que cause cette perte sur le Prince à l'existence tellement solitaire jusqu'à présent et on ne peut qu'être ému par ce qui se joue. J'ai énormément aimé la valse des sentiments que l'autrice nous fait sentir chez les hommes du Pavillon qui souhaitent soutenir le Prince, l'Intendant et Kuroki en tête.

Puis la seconde partie m'a semblé être un joli pendant de ces moments qui montraient la fin de la Cité interdite dans le Dernier Empereur de Chine (le film) où le temps semblait se suspendre dans ce lieu coupé du monde. J'ai ressenti la même chose face aux événements extérieurs qui frappent le Pavillon et son Intendant. Suivre la façon dont celui-ci navigue à vue dans ces moments troubles est fascinant. C'est un grand homme que Takiyama, il est plein de compassion et il a la tête sur les épaules. Toujours avec beaucoup de sobriété mais d'émotion, l'autrice nous compte son passé pour mieux mettre en lumière son présent et relater tout ce qu'il a fait pour amortir la chute du shogunat et ses conséquences sur tous ceux qui vivaient au Pavillon des plus en vue aux humbles serviteurs. C'est superbe ! Et sa matérialisation dans sa relation avec son jeune domestique, tel qu'on les voit en couverture, est d'une émotion toute en retenue qui m'a plus d'une fois saisie à la gorge.

En bref

Avec beaucoup de distinction et d'élégance, Fumi Yoshinaga nous achemine tranquillement vers la fin d'un règne vieux de plus de 700 ans, vers la fin d'un mode de vie qui est le seul connu par nos personnages. C'est fort et déchirant, mais fait tout en retenue et avec beaucoup de classe. Plutôt que de se focaliser sur les chacals qui pensent pouvoir en retirer quelque chose dans les hautes sphères, elle préfère se concentrer sur l'humanité des membres du Pavillon qui, eux, cherchent plutôt à sauver autant que faire se peut les hommes et femmes qui les entourent. le choix de l'altruisme plutôt que de l'égoïsme. Un grand titre !

8
Le pavillon des hommes
Positif

Un tome en apesanteur face à la violence qui se déroule à l'extérieur

Un traitement toujours aussi original de la fin du shogunat

Beaucoup de classe et de sensibilité

Des personnages terriblement émouvant

Un beau message sur l'altruisme

Negatif

Toujours très complexe à suivre malgré les tentatives de simplification

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