Critique Manga TezuComi #2

8
TezuComi

par Auray le dim. 18 juil. 2021 Staff

La légende du chant de Métropolis par Bouddha

On parle de quoi au juste ?

Le deuxième tome de Tezucomi continue son hommage aux œuvres d'Osamu Tezuka par des artistes de toutes nationalités. On a parfois même quelques Français, mais aussi, des personnes issues du monde de la bande dessinée, ou encore, de l'animation. Le Dieu du manga a tellement touché à tous les genres que chaque lecteur a peu son histoire favorite, même si certaines mettent plus de monde d'accord, c'est évident. On retrouve d'ailleurs quelques-unes de celle-ci qui ont fortement inspiré les pages de ce recueil.

Un faux départ

Bon, je ne sais pas si c'est moi qui ai eu plus de mal à me remettre dans le bain, ou si c'est seulement l'adaptation de Vampires par Bokutengou qui est cette fois trop loin graphiquement de l'oeuvre originale ou même, par son ambiance un peu trop cassée par une narration fragile. Mais cette version est trop moderne, et les dernières pages nous donnent une sensation d'inachevée. Pour autant, les interviews des auteurs sont toujours aussi passionnantes, on se régale à chaque fois, rien qu'en lisant ce que le grand maître a apporté chaque nouvelle génération.

Le petit théâtre de la vie

La suite m'a paru bien plus fidèle à l'esprit de cet autre manga, Nanairo Inko. Car, si vous vous rappelez bien, ce personnage sait jouer n'importe quoi. Aujourd'hui, c'est justement les autres œuvres du sensei comme Black Jack ou Phénix dont on parlera dans un beau théâtre. Une très belle idée, en plus d'être bien narrée, on est vite emporté par le rythme et les petites histoires à taille humaine. Ici, on peut saluer le travail d'Atsuko Ishida. On aimerait vraiment lire la suite ou les séries du Japonais !

Une amélioration assez classique

« Black Jack dans un autre monde » de Yoshihisa Tokimaru et « le nouveau Prince Saphir » par l'équipe Buredo sont assez modernes au niveau du graphisme choisi, il permet vraiment de revoir sous un meilleur jour, pour les plus jeunes d'entre nous, les œuvres intemporels de notre cher Osamu. On peut rajouter également que ça satisfera ceux qui ont du mal avec les dessins dits anciens. J'ai vraiment apprécié ces deux lectures qui se suivent qui peuvent être considérées comme des épisodes types de ces deux séries. Une mention spéciale pour l'adaptation de Princesse Saphir qui est fait pour résonner autrement, rien que pour la communauté des LGBT. Ici, on commence à entreprendre le niveau supérieur au niveau de la charte qualité.

Un œuvre d'art

Mais franchement, rien n'arrive à la cheville de l'excellent Mathieu Bablet qui a su rendre une copie parfaite à tous les niveaux. Il n'a pas seulement repris Métropolis, il a l'a transcendé graphiquement. On retrouve celui qui s'éclate à nous faire de superbes fresques de bâtiments futuristes comme sur le récent Carbone & Silicium (Ankama Éditions). On regrette limite le noir et blanc, mais il faut le spécifier, ici, le travail de l'artiste a été adapté pour cet exercice. De plus, ce n'est pas un simple remake, vous aurez un véritable spin-off. Effectivement, qu'est-il arrivé à Kenichi laissé seul après la mort de Mitchi ? N'ayons pas peur des mots, l'achat de Tezucomi tome deux vaudrait le coup rien que pour ces pages. On demande dès à présent une version couleur grand format !

Et on continue sur cette voie !

La suite n'a pas à rougir à côté de l'histoire de Mathieu Bablet. Je ne connaissais pas du tout « Le Chant d'Apollon », mais l'Espagnol Luis Nct m'a vraiment donné envie d'en savoir plus. Très philosophique, mais on suit également une histoire d'amour maudite. Bref, c'est un des rares livres de Tezuka encore disponible en France et je pense véritablement me le prendre. Ce pavé des Éditions Delcourt/Tonkam sert aussi à ça, il ne faut pas oublier.

Raconte-moi une histoire !

Puis, on continue sur cette formidable lancée avec l'incroyable Valérie Mangin. Les amateurs de bds reconnaîtront ce nom facilement, puisque ce n'est ni plus, ni moins, la scénariste d'Alix Senator ou UW1. Elle forme un duo inédit avec Brice Cossu, le papa de la série Frnk, prépublié dans le magazine Spirou. Ils reprennent la fameuse légende du lapin qui se sacrifie dans le feu afin que le voyageur ne meurt pas de faim, petit conte qui a tant marqué les lecteurs de la vie de Bouddha. C'est très bien dessiné, et les paroles laissent la place aux cases, ce qui donne un côté très poétique, voire légendaire. Encore un très bon moment que seul Tezuka a pu inspirer.

On aura un autre personnage de la Maison Dupuis avec l'Espagnol Kenny Ruiz qui illustre les albums Magic 7 et Télémaque. La Légende de Sangoku reprend tout à fait ses droits avec lui. On aime sa tête rigolote et sauvage à la fois, les décors, et bien entendu, l'histoire de ce petit être bien trop fier de lui pour ce qui lui reste à faire encore pour construire son mythe.

Enfin, Unico la petite licorne sera repris par Mig, connu en France pour les mangas issus de l'univers de Dofus ou Wakfu. Les dessins sont vraiment le point fort de cette reprise. Elle va tout à fait à l'esprit mignon de cette histoire d'une enfant malade qui souhaite juste voir autre chose que des infirmières et leur hôpital. Dans l'esprit de Boule à Zéro de Zidrou, et bien entendu, de notre cher ami dont on parle depuis le début.

On s'arrête là pour aujourd'hui les amis !

Ce tome deux de Tezucomi est très intéressant. Après un début laborieux, j'ai reconnu par la suite l'héritage d'Osamu Tezuka avec des histoires plus personnelles et très humaines. Dommage que certaines sont parfois tronquées, même s'il est vrai, ça ne gêne pas beaucoup non plus. Mais, quand la qualité est au programme, c'est toujours un peu frustrant. Pour autant, ça permet d'avoir de la place pour des histoires qui sont vraiment des petits chefs-d'oeuvres, comme celle de Mathieu Bablet, au hasard. Si le succès est au rendez-vous, on pourrait très bien avoir la suite de certains épisodes. Personnellement, j'aurais à choisir, je préférais largement certaines rééditions du maître, comme pour le Roi Léo, ou encore, l'intégrale d'Astro Boy. Et je ne pense pas être le seul ! L'appel est donné !

En bref

« Simplement vivre pour vous-même, devenir qui vous voulez. Une personne unique, faite de ses propres expériences, ses propres souvenirs, son propre caractère, ses propres petits détails. »

8
TezuComi
Positif

Un excellent pot pourri qui amène un parfum adapté à tous les odorats

Il y a encore du beau monde, et à un niveau réellement international

Mathieu Bablet au sommet de son art

Les interviews sont aussi passionnantes que les récits

C'est un beau livre entre les mains

Negatif

L'adaptation de Vampires est pour moi, complètement décousue

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