Critique Manga Sidooh #1

7
Sidooh

par Pois0n le mar. 16 févr. 2021 Staff

Sidooh, pas si doux

Après avoir entendu tant de bien de Sidooh, comment ne pas se réjouir de voir rééditée la série, arrivée chez nous il y a presque quinze ans et interrompue peu après sa moitié ? Et qui plus est dans un habillage beaucoup plus classe et moins tape-à-l'oeil que jadis. L'objectif de l'éditeur est clair : plus qu'offrir la suite aux vieux de la vieille, il s'agit surtout de laisser à Sidooh une chance de conquérir de nouveaux lecteurs.

Si vous aimez les récits historiques à l'ambiance sombre et sans concessions, alors sans doute devriez-vous vous laisser tenter. Vous devriez apprécier le voyage dans le temps, même si celui-ci s'annonce mouvementé...


Le récit prend en effet place au début de l'ère Ansei, à la toute fin de la période d'Edo. Et, pour dire les choses simplement, c'est le bordel total. L'équilibre politique est assez instable, le shogunat s'affaiblissant, mais c'est surtout la nature qui n'aide pas. Deux séismes de magnitude 8,4 ont dévasté la région du Tôkai en 1854, mais c'est surtout celui qui frappe Edo un an plus tard qu'il faut retenir : avec un épicentre proche de la capitale, les incendies et les 78 répliques qui ont suivi, les dégâts sont considérables.


Un poil trop vieux pour avoir des photos, mais les dessins d'époque donnent une bonne idée du truc


Tirlepinpon sur le chihuahua, trois ans plus tard, le pays connaît sa première pandémie globale, featuring le choléra. Non seulement à l'époque, la maladie ne connaît aucun traitement, mais en plus, personne n'était préparé à ça ni ne savait comment gérer la crise (si ça vous rappelle quelque chose...) !

Autre époque, mêmes problèmes


C'est dans ce contexte que commence Sidooh. Shotaro et Gentaro se retrouvent soudainement livrés à eux-mêmes et n'ont qu'un seul objectif : rester en vie. Voilà les deux gamins sur les routes, sans autre bagage que les fringues qu'ils ont sur le dos et le katana du père qu'ils n'ont pas connu. Autant dire qu'à une époque où exister revenait souvent à tuer ou être tué, être du bon ou du mauvais côté de la lame, et où les mauvaises rencontres étaient plus que fréquentes, les garçons, plutôt freluquets, sont assez mal barrés. D'autant que leur instinct de survie frôle les pâquerettes. Ah, la jeunesse... Les deux frères ne tardent donc pas à se retrouver dans de sacrés beaux draps.

Genre tu te balades dans les bois et tu tombes sur un cadavre, normal.


On sent qu'on a affaire à un tome d'introduction : l'histoire se met tout juste en place et on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup d'action. Néanmoins, certaines planches à couper le souffle (et pas que...) laissent présager de sacrés affrontements par la suite...

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Car là où se démarque vraiment ce premier volume de Sidooh, c'est dans la mise en scène. Graphiquement, on aime ou pas le trait très brut, haché, pas forcément beau en soi. En revanche, quel dynamisme ! Quelle expressivité ! Les angles choisis, même dans les passages plus calmes, sont tout simplement parfaits et donnent une véritable intensité dramatique au récit. L'ensemble est très cinématographique, en fait.


Ceci dit, parce qu'il fallait bien qu'il y ait un couac, mentionnons les scènes de sexe qui ne servent... à rien. Autant la violence partout, tout le temps est justifiée et pleinement intégrée au récit, autant la scène de viol on aurait pu s'en passer mais elle fait avancer l'histoire, autant l'orgie féminine et surtout devant les yeux d'un gosse de dix ans sort complètement de nulle part. Comme si Tsutomu Takahashi avait soudain eu envie de dessiner des filles à poil (plus particulièrement des seins, certes très réussis, mais bon) et du cul, là, comme ça, gratis. Alors moi, j'ai rien contre les scènes de fesses hein, mais à condition qu'elles servent à quelque chose. Sinon je lis un hentai. Bref.

Des promesses : voilà ce qu'est ce premier tome de Sidooh. La promesse d'un univers brutal, de planches qui en mettent plein la vue, de personnages autant dénués de morale qu'imprévisibles... et on se demande vraiment comment Shotaro et Gentaro vont parvenir à se tirer de la situation où ils se sont fourrés... à condition qu'ils y parviennent. Un premier opus réussi donc, qui donne envie de lire la suite!

Ça tombe bien : l'éditeur a sorti le second en même temps...


Côté édition, on est vraiment loin de ce que Panini faisait il y a dix ans : le volume est souple et agréable à prendre en mains (même les petites), le papier semble de bonne qualité et n'est ni rugueux ni transparent, l'impression est impeccable, la reliure paraît solide et je n'ai pas relevé de coquille (mais bon, sous morphine, rien d'infaillible). On a même droit à une page couleur !

En bref

Au vu de ce premier tome de Sidooh, on comprend aisément d'où vient sa réputation et pourquoi la série mérite allègrement une seconde chance. Espérons que l'accueil soit au rendez-vous... et que la suite continue sur la même lancée !

7
Sidooh
Positif

Le dynamisme dingue de la mise en scène

Des personnages qu'on adore détester

L'ambiance tient toutes ses promesses

Le trait, si on aime le style

Negatif

Les scènes de sexe purement gratuites

Un scénario assez en retrait pour l'instant

Le trait, si l'on n'aime pas le style

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