Critique Manga Kingdom Of Knowledge #1

8
Kingdom Of Knowledge

par MassLunar le mer. 9 déc. 2020 Staff

Lire devient Détruire quand Savoir devient Pouvoir

Amateurs et amatrices de curiosités étranges, angoissantes et farfelues, venez-voir sous nos chapiteaux nos charmants gnomes intellos qui sont , contre leur gré, les garants du savoir de l'humanité !

Kingdom of knowledge est paru ce mois d'octobre. C'est un petit kif seinen dark fantasy en 4 volumes dessinée et scénarisée par une certaine Serina Oda dont c'est le premier titre publié en France, et ceci dans la collection Dark Kana de chez... Kana ! Kingdom of Knowledge est plutôt intéressant. C'est un titre qui démarre tranquillement en nous présentant un groupe de gnomes recrutés par un empire d'humains décérébrés en vues d'êtres les traducteurs et les garants d'un savoir antique et perdue. Les gnomes sont en fait de véritables bibliothécaires et scribes et leurs travaux ont permis à cet empire de développer ses compétences au point d'en être devenu dangereux. Les gnomes, ignorant du monde extérieur, vivent dans un relatif havre de paix sous le joug d'une promesse de liberté. 

Bien sûr, tout bascule et il n'en faut pas plus pour que l'intrigue sombre dans une certaine noirceur qui parvient à s'illuminer grâce à l'amour de la lecture et aux savoirs passées. Déjà, le titre est mené par un héros charismatique et plutôt original puisqu'il s'agit d'un gnome bien déterminé à se venger de l'empire. C'est un héros physiquement vulnérable. Une sorte d'hobbit qui s'attèle à une quête plutôt éprouvante pour ses fragiles épaules. Mais cet héros du nom de Fei possède deux atouts : sa haine contre l'empire et surtout  sa immense culture littéraire puisée dans une bibliothèque de 20 000 ouvrages qui va lui servir à développer toutes sortes de stratégies pour s'en sortir. Ce postulat est vraiment sympathique. Pour une fois ( et c'est vraiment pas souvent), j'ai trouvé que le scénario offrait un petit truc en plus, une idée originale qui va donner un certain charme à ce manga. C'est sans doute le fait qu'ici l'humanité (et plus spécialement cet empire sans nom) est relégué au rang d'ennemi à travers cette arrogance, cette vanité froide et cruelle, que le héros est vu comme un être plus faible (mais vraiment plus faible physiquement, ce qui est le cas) et surtout que la lecture et par extension est vu audacieusement comme une arme. D'une certaine manière, Kingdom of Knowledge me rappelle Magus of the library par cette mise en valeur du livre et de la lecture bien que l'atmosphère ne soit pas du tout la même. Il y a un même désir de liberté par l'influence de la lecture mais dans Kingdom ce désir de liberté est ensuite éclipsé par la vengeance ce qui donne toute sa noirceur au titre. 

Kingdom of Knowledge est une courte série sombre et impitoyable. Le (ou la) mangaka Serina Oda nous plonge sans hésiter dans un bain de cruauté au détour d'une planche macabre. De même, l'auteur flirte un peu avec le manga de genre, notamment à travers le dessin très angoissant des gobelins. Attention, rien à voir avec ceux de Re-Monster ou de Goblin's slayer (dont le design est réussi mais plutôt classique). Là, nous avons affaire à des créatures graphiquement flippantes qui auraient très bien pu s'intégrer dans un monde à la Berserk. Serina Oda contrebalance son dessin de genre avec une patte plus accessible, notamment à travers la figure des gnomes. Imaginez des hobbits qui seraient persécutés par les Hommes et vous aurez un manga assez touchant sur certains points. Ce contraste évoluera vers les derniers chapitres de ce premier volume pour nous amener vers un cadre plus ambitieux de guerre épique.

Et le Livre dans tout ça ? Il faut préciser que notre héros Fei a puisé sa connaissance dans de véritables livres. Des livres issues de notre monde, de notre réalité comme les chroniques d' Oda Nobunaga, véritable héros et guerrier de l'Histoire du Japon. Cet ancrage culturel apporte une sympathique mise en abîme de ce titre puisque nous avons affaire à des livres issus de notre civilisation, enfin en l'occurrence ici de la culture littéraire japonaise.

En même temps, c'est aussi un petit bémol parce que cela rend le cadre de l'intrigue parfois bancal. Nous ne savons pas si nous nous situons dans une future époque lointaine avec la présence inexpliqué du merveilleux ou si ces livres sont issues d'un autre monde, le nôtre. Cet aspect n'est pas très étoffé dans ce premier volume. Nous ne savons pas d'où proviennent ses livres. Du coup, il y aussi un petit côté un peu racoleur, un peu vantard par rapports à certaines littératures mais au fond cela ne nuit pas au titre. Au contraire, cela lui donne aussi un petit plus au niveau culturel qui peut nous permettre de nous faire découvrir par la même occasion certaines références comme c'est le cas ici avec la figure historique d'Oda Nobunaga. Je reste tout de même un peu sur ma réserve pour voir comment cet aspect méta-littéraire sera mis en valeur dans la suite de la série. 

En bref

Kingdom of Knowledge est prometteur pour une courte série. C'est un titre de dark fantasy qui pose un postulat de départ plutôt atypique à travers la figure d'un héros faible mais en colère qui se sert de ses connaissances littéraires pour se venger. Si vous êtes amoureux de lecture en général, c'est un titre qui peut s'avérer intéressant. De plus, en terme de dark fantasy, Kingdom of Knowledge se montre plutôt à l'aise sans tomber dans de l'excès grossier mais suffisamment âpre pour nous coller un coup dans les tripes. A voir comment la suite se profilera avec, je l'espère, une mise en avant encore plus prononcé du savoir comme arme.

8
Kingdom Of Knowledge
Positif

Un postulat de départ autour de la lecture et de la connaissance comme seules armes assez interessant

Un héros vengeur touchant et charismatique

Une ambiance sinistre, parfois effrayante (avec la représentation glaciale des gobelins)

Negatif

Un cadre un peu bancal avec des références littéraires mal introduites ( cet aspect sera peut-être éclaircie par la suite)

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