Critique Manga En proie au silence #3

8
En proie au silence

par ivan isaak le ven. 7 août 2020 Staff

La lecture "qui fait réfléchir"

Ce 3ème volume de la série choc d’Akane Torikai met un peu de côté son personnage principal pour se concentrer sur quelques-uns des personnages secondaires présentés précédemment. Misuzu reste bien sûr le fil rouge du récit, avec sa lutte intérieure contre son dégoût d’elle-même.

La lecture de ce titre fait toujours l’effet d’un choc. Un choc d’abord avec le premier tome où le point de vue de Misuzu est central, ferme et sans ambiguïté ; qui se confirme ensuite dans le second volume avec la présentation d’autres personnages, de leur sentiment face à leur rôle dicté par la société, avec ce joli salopard d’Hayafuji qu’on espère être extrêmement rare dans la vraie vie ; et qui prend quelque peu aux tripes avec ce troisième volume. Il est très compliqué d’expliciter ce que l’on ressent à la lecture de cette série. Non seulement parce qu’on peut y voir beaucoup de choses différentes, avec, en ressassant certains passages, un sentiment qui évolue, souvent assez proche du malaise d’ailleurs, mais aussi parce qu’il s’agit d’un titre qui ne doit pas provoquer les mêmes sentiments à tous les lecteurs. Le vécu du lecteur va beaucoup jouer, sa situation personnelle également (il est fort probable que les lectrices et les lecteurs n’aient pas le même ressenti), et tout cela joue sur la manière dont le récit peut nous toucher. Le titre ne renvoie pas forcément une image totalement noire de notre société, il montre aussi des lueurs d’espoir, des personnages qui passent outre les préjugés et « codes » imposés, mais il ne va pas non plus adoucir certains aspects bien réels. C’est sans doute en cela qu’il peut déranger. Et c’est tant mieux, car c’est aussi pour cela qu’on lit des mangas !

Si on en revient au volume en lui-même, on enchaîne donc les situations avec divers couples ou personnages vus jusqu’ici. Outre Miyako et Misuzu, le couple Niizuma/Sadoka bat de l’aile tant le jeune homme n’arrive plus à se défaire de l’échange effectué avec sa professeure. Kana Misato est aussi un cas à part, avec sa relation étrange avec son frère, celle tout aussi étrange avec les garçons (Wadajima ici), son comportement avec Niizuma… Elle est l’exemple parfait du personnage féminin difficile à cerner et qui provoque ce sentiment étrange à la lecture. Et si Hayafuji n’est pas présent dans ce volume physiquement, il est évoqué lors d’un échange entre Reina et… Miyako ! Reina fait aussi partie de ces personnages féminins dont il est compliqué de comprendre les agissements. On referme ce volume, comme nous l’avons commencé, avec Misuzu. Alors qu’elle aurait pu tout déballer à Miyako en début de tome, son sentiment de culpabilité la ronge de l’intérieur et en fait le personnage à la psychologie la plus complexe et la plus intéressante à suivre. D’un sentiment d’infériorité au lycée par rapport à Misako, elle se sent aujourd’hui « supérieure » à elle via sa « relation » avec Hayafuji. Elle se considère responsable de ce qui lui arrive et, si elle n’arrive à en parler à personne, l’arrivée de Niizuma dans sa vie semble changer les choses, faire bouger les lignes.

En bref

« En proie au silence » est un titre unique. On peut le lire comme on feuillette n’importe quel manga, en laissant l’histoire défiler sans se prendre la tête. On peut. Mais on raterait tout ce qui fait de ce manga une exception. Les interrogations qu’il suscite dans la tête des lecteurs et lectrices impliqués dans le récit sont suffisamment rares pour ne pas laisser le titre de côté. Car même si au final il ne réussit à toucher qu’une partie de son lectorat, cette partie-là en sortira forcément grandie. A lire !

8
En proie au silence
Positif

Le sujet abordé frontalement

La multiplicité des points de vue sur ce tome

La lueur d'espoir pour Misuzu

Negatif

Une lecture qui laisse un sentiment de malaise pas forcément agréable... mais c'est normal !

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