Critique Manga Beastars #2

8
Beastars

par KssioP le jeu. 27 juin 2019 Staff

Se prouver aux autres ou à soi-même ?

Ce tome 2 met en lumière le club de théâtre et plus particulièrement LOUIS le cerf au sourire énigmatique et dont la popularité atteint des sommets. La tension monte petit à petit au fil des pages, autant que dans un thriller. Entre un herbivore qui se veut plus dominateur qu’un carnivore, un carnivore qui se veut plus valeureux qu’un herbivore et un autre qui craint par-dessus tout ses bas instincts. C’est un combat psychologique qui se joue sur une scène teintée de sang.

On ne sait quoi penser de ce cerf aux bois artistiquement sculptés. L’autrice nous manipule le concernant et on s’y perd un peu dans son analyse. Ce qui est sûr, c’est que son statut d’herbivore le rend psychologiquement instable. Son désir impérieux d’être le prochain BEASTAR lui confère une attitude plutôt hautaine envers ses congénères. Il porte le masque d’élève modèle dans l’unique but d’utiliser les autres, de ramener la couverture sur lui et ainsi attirer la lumière. Le rôle d’Adler qu’il interprète comme si sa vie en dépendait, au détriment d’une patte blessée, force l’admiration et parallèlement interpelle. Pourquoi se met-il dans un état pareil ? Qu’a-t-il à prouver au monde entier ou à lui-même pour qu’il confonde compassion et pitié ?

Il se sent rapidement rabaissé et victime quand il perd le contrôle de la situation. C’est presque comme s’il reniait sa condition, sa nature d’herbivore et désirait être plus puissant mentalement et physiquement qu’un carnivore. D’ailleurs, LEGOSHI en fait les frais. A son insu, il devient une petite expérience de LOUIS qui n’hésite pas à se montrer violent pour arriver à ses fins.

Toutefois, tous les personnages sont en apnée tellement ils désirent faire leurs preuves. Du moins ceux du club de théâtre. BILL le tigre et logiquement carnivore a tout autant besoin de se convaincre que c’est un dur à cuir que LOUIS. La fierté de sa nature suprême qu’il démontre sur scène semble lui peser aussi terriblement. Les stéréotypes, les cases, instaurés par leur société créent un déséquilibre dans la balance et détériorent l’esprit de ces adolescents mal dans leur peau. Les murs construits entre herbi et carni augmentent la méfiance et par extension ce besoin permanant de se défier les uns les autres.

LEGOSHI à l’identique perd les pédales à un moment donné. Sauf que, dans son cas c’est peut-être bien ses hormones qui déjouent sa raison.

En effet, après des retrouvailles troublantes mais douces avec la lapine qu’il avait blessée auparavant, LEGOSHI paraît plus serein, son humeur s’en ressent auprès des autres. Même, s’il a bien failli être dévoré tout cru sexuellement parlant. D’ailleurs, oubliez ce que je vous ai dit pour le tome 1. Que les plus faibles étaient gratuitement harcelés à l’école, rejetés. Que nenni, le lapin le plus inoffensif d’aspect peut cacher un prédateur redoutable. Payant avec con corps des menus travaux demandés à droite et à gauche, quitte à coucher avec le copain d’une camarade de classe avant de passer au suivant. Oui, méfiez-vous du lapin nain apprivoisé, il a peut-être la rage.

LEGOSHI, à contrario, fait peu cas de ce détail car pour la toute première fois on lui fait du rentre-dedans sexuel et non violent. Un fait nouveau qui le rend plus accessible et moins sur le qui-vive. La petite voix inhospitalière dans sa tête est muée au silence pour son plus grand plaisir et on en est ravi. On s’attache à LEGOSHI qui nous apparaît le plus humain et innocent d’entre tous. Malheureusement, on se fait du souci pour lui. Pour combien de temps encore va-t-il réussir à éloigner sa nature de carnivore maintenant qu’il a goûté au sang d’une proie ?

En bref

Une lecture toujours aussi agréable et qui étonne par ses prises de position. BEASTARS dépeint un conflit constant avec soi-même et avec les autres. Se façonner pour répondre aux critères de la société ou s’en remettre à sa véritable nature mais risquer d’être un paria à jamais, voilà une musique qui résonne avec familiarité à mes oreilles. Une petite question néanmoins me turlupine : S’il est interdit de consommer de la viande dans BEASTARS, pourquoi peut-on manger des insectes ? A quel moment dans la chaîne alimentaire, à quelle échelle, passe-t-on de statut de nourriture à celui d’espèce protégée ? J’espère que la suite apportera la réponse. En attendant, je précise que ce titre n’est pas à mettre entre les mains d’enfants trop jeunes. Lisez avec eux si vous voulez mais comme on y parle explicitement de sexe et que la violence est sans tabou, mieux vaut que vous gardiez un œil sur votre jeune progéniture au cas où ils se poseraient trop de questions. De mon côté, je me dirige vers le tome 3.

8
Beastars
Positif

Réflexion philosophique

Personnages assez complexes

Un lapin plus redouté qu'un loup

Pas de censure

Negatif

Le dessin une nouvelle fois qui étonne par moments mais c'est vraiment pour chipoter.

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