Critique BD Ma vie en 24 images par seconde

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Ma vie en 24 images par seconde

par Tampopo24 le mer. 7 févr. 2024 Staff

Chronique de l'histoire de l'animation japonaise


Biberonnée aux animés, comme tous les
enfants de la Génération du Club Dorothée, je n’avais pourtant jamais
rencontré en conscience la grande figure de l’animation qu’est Rintarô.
Ce fut donc un réel bonheur de faire cette rencontre grâce à cette BD
autobiographique offerte à l’occasion de sa venue en France à Angoulême.


De Rintarô, j’ai vu le travail sur Astro, le Roi Leo, Albator, Galaxy Express et même Métropolis, dont je me rappelle avoir attendu la sortie avec impatience quand j’étais au lycée. Et pourtant, je ne connaissais rien de cet homme en dehors de son nom, devenu emblématique dans le monde de la réalisation japonaise. J’ai donc été ravie de ce projet de proposer en France une BD que l’auteur aurait conçu pour raconter sa vie,
suite à l’échec d’un projet de film sur le même sujet. L’objet en plus,
une BD en noir et blanc au format relié franco-belge, est parfait pour
plaire au plus grand nombre. J’espère que ce sera l’occasion pour les
curieux de pousser la porte et d’aller à la rencontre de l’histoire de
l’animation japonaise.


Car comme la BD Les Pionniers de
Dorison & Co., l’auteur en plus de nous raconter sa vie et son
parcours, d’une manière bien plus large nous fait le récit d’une passion
dévorante
et c’est ce volet-là qui m’a passionnée à mon tour
et fascinée. Qu’importe si la narration graphique et les dessins ne
suivent pas et sont assez plats, l’histoire, elle, vaut totalement le
coup et dépasse largement cela. Nous ne sommes pas dans un objet
esthétique mais dans un objet de témoignage et j’aime cela !


Ce fut passionnant de découvrir l’homme derrière Rintarô, personnage né juste avant la guerre, qui a donc connu celle-ci en tant qu’enfant et qui nous raconte les chamboulements vécus
par lui enfant, mais aussi par sa famille, avec l’éclatement du
quotidien qu’ils ont pu connaître avant. Ensuite, c’est le grand
rattrapage japonais et la folie de l’animation et de la production de
masse qu’il nous raconte et à nouveau on assiste avec passion à une
nouvelle révolution dans le quotidien des Japonais. Cet album est vraiment un témoin unique de cette époque si riche,
décrite avec passion et vivacité à travers des exemples clés tirés de
la vie de l’auteur, ce qui rend l’ensemble d’autant plus réel. Passionnant et immersif.


J’ai rapidement été touchée par ce petit garçon, puis jeune homme passionné.
Il y a des scènes fascinantes comme lorsqu’il construit sa première
lanterne magique ou quand il court regarder des rushs avec Tezuka en
pleine nuit. On sent et partage cette passion frissonnante pour l’animation, en tout cas je l’ai partagée plein pot. Il faut dire que Rintarô est très communicatif dans le récit de sa vie
qu’il partage avec nous, nous relatant ses hauts et ses bas. Il va
cependant vite, format oblige. Il passe ainsi sur sa vie personnelle.
Une fois animateur, c’est comme si rien d’autre ne comptait et cette
famille à l’origine de sa passion disparaît au profit de la nouvelle
famille de coeur qu’il a trouvé dans son travail. L’animation est
vraiment une passion dévorante.


J’ai beaucoup aimé découvrir à travers son exemple l’histoire de celle-ci,
de la création et des premiers temps de Toei, en passant pour le studio
Mushi de Tezuka et les premiers animé à la télé, l’explosion du genre,
la floraison des studios, sa propre émancipation et ses succès. Il nous conte vraiment par le menu ce que c’était que de travailler dans l’animation à l’époque.
On vit à ses côtés les gestes techniques nécessaires et leur évolution.
Il en montre aussi bien la passion que les difficultés, le manque de
moyen, la fatigue immense, le manque de moyen parfois, les petits
salaires, mais aussi la passion et l’entraide, l’envie de toujours
inventer et proposer quelque chose. C’est enthousiasmant et enrichissant. Ça donne envie de creuser le sujet, de revoir certains animés et films.


On croise en plus nombre de grands personnages de l’animation,
découvrant ou redécouvrant ainsi leur rôle dans cette grande histoire,
leur propre passion et leurs déboires. C’est notamment le cas de Tezuka
assez central ici, mais il y a aussi Otomo, qui signe d’ailleurs la
préface, et d’autres plus discrets comme Mori et quelques autres. On y parle aussi des influences de ces pionniers avec le cinéma d’autrefois, ces films d’époque, son théâtre classique japonais ou encore ses contes. C’est passionnant.


En bref

Que voilà un super objet pour les fans d’animation et de son histoire. Dans sa forme la plus simple, sans chichi et fioriture, voilà un artiste phare de l’animation japonaise qui se confie et nous livre son histoire de sa rencontre et sa passion à ce média. Passionnant, lumineux et enrichissant ! J’ai envie de revoir l’ensemble de son travail maintenant.

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Ma vie en 24 images par seconde
Positif

Un solide objet livre

Une belle incursion chez les pionniers de l'animation

La transmission d'une passion

Un récit autobiographique et un témoignage précieux

Negatif

Une expérience graphique un peu plate

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